Au Paradis des Muses

 

Je vous l’ai déjà dit : parfois l’occasion est si belle qu’on n’en croit pas ses yeux.

 

Premier regard, je suis foudroyé net. Son père qui l’accompagne, fier d’elle me la présente. Elle est institutrice. Sans réfléchir un millième de seconde, je lui adresse ma première phrase : « Je n’ai jamais eu une aussi jolie maitresse. »

 

Pas fait exprès. La jolie brune au carré parfaitement taillé, aux yeux coquins et au sourire irrésistible n’a pas le temps de s’attarder. Aujourd’hui c’est jour de fête, c’est porte ouvertes. Elle fait visiter son école. Moi au départ j’étais venu pour ça.

 

On fait le tour des classes… On fait des photos des enfants, des dessins, des maitresses qui nous expliquent avec passion. Je la zyeute à n’en plus finir tellement elle est belle. Je ne vois qu’elle. Elle fait comme si elle ne me voyait pas. Je me dis qu’une aussi jolie femme doit forcément être très bien accompagnée, qu’elle doit être super sollicitée par tous les papas de passage, et surement quelques mamans aussi. J’en connais une qui ne lui résisterait pas une seconde. 

 

Fin de la journée, un repas comme invités. On se retrouve à une longue table, elle est presque en face de moi. Longs regards interrogateurs en essayant de ne pas attirer l’attention des amis qui nous entourent. A chaque fois que je la vois je me dis « Putain qu’est ce qu’elle est belle. » Et je me sens mourir. Mais elle est surement trop belle pour moi. Je m’interroge. Elle a l’air si gaie, si heureuse. Joue t elle ? Vient-elle de s’envoyer en l’air ? A-t-elle abusé de l’apéritif avant mon arrivée ? Est-elle excitée par un joujou bien placé entre ses cuisses ? Est-elle stimulée par mon regard ? Aucun mari aux alentours en tous cas. Mais j’attends et j’écoute. Je finirais bien par apprendre si elle est mariée, maman… ce genre de choses.

 

Pour l’instant je ne connais que son boulot. Je surprends quelques propos complices avec ses collègues et voisines. Le repas va s’éterniser. Une heure qu’on est là et les bricoles d’apéro tournent toujours. J’installe mes filets.

Objectif 1 : surtout ne pas lui paraitre lourd.

Objectif 2 : la séduire coute que coute.

Objectif 3 : lui filer un moyen de me contacter après cette soirée (mon tél, mon mail…).

Objectif 4 : trouver une ruse pour s’extraire de table et me retrouver seul à seul avec elle.

Objectif 5 : lui signifier clairement mes intentions à son égard. (C’est tellement énorme que j’aurais pu lui dire un truc du genre : J’ai envie de te coller au mur, qu’est ce que tu en penses ? On va dehors ou on s’enferme dans les chiottes ? )

Objectif 6 : calmer la tempête sous mon cerveau et arrêter de faire des listes d’objectifs inutiles et confuses. J’aurais du y penser avant.

 

En attendant je fais faussement connaissance avec ma voisine, je m’intéresse d’une oreille aux débats de mes voisins… tout est prétexte pour la croiser du regard et du sourire.

Puis il se passe un truc. De son côté ça rigole et ça spécule sur mon âge. Mon âge à moi… Je n’y comprends rien mais c’est pourtant bien ça. Je soupçonne sa voisine qui est aussi notre hôte et sa collègue copine délurée d’avoir repéré nos échanges furtifs et de me trouver à son goût. Des chiffres fusent, très flatteurs pour moi, elles me donnent dix ans de moins. Les mecs en rajoutent… je me marre et j’entretiens le suspens avec un faux semblant de timidité. J’arrive presque à rougir. Je sais parfaitement ce que vaut mon physique… avec l’âge. Je demande leur dernier mot et je réponds par mon année de naissance. Ils et elles n’en croient pas leurs oreilles. Normal. La plupart des mecs de 40 sont laids parce qu’ils sont bedonnants. Ils ne font plus assez sport depuis 20 ans et n’ont aucune hygiène alimentaire. Tout le contraire de moi. J’ironise un peu en disant que je fais attention à ne pas trop boire d’alcool et que je fais de la marche à pied pendant mes repos… de quoi éliminer la concurrence de la course encore quelques décennies, sur ce terrain là au moins. Mais la plupart des femmes n’en demandent pas beaucoup plus à un homme qui les fait rêver, croyez en mon expérience.

 

J’assène le coup de grâce : elles insistent alors j’accepte de sortir ma carte d’identité. Je leur fais passer. La photo dessus est mortelle. J’ai l’air d’un vrai jeune premier parfaitement sur de lui. Irrésistible, je vous dis.

 

Pendant ce temps les nanas continuent à échanger sur mon physique de rêve. Inutile de préciser que dans ces cas, c’est toujours celui dont on parle le plus qui sort gagnant. J’engrange tranquillement mes points. On passe au plat de résistance.

 

(à suivre)

 

 

© DGC 04 2008

Illustration Chantal Thomass

Lun 14 avr 2008 6 commentaires