Au Paradis des Muses
Ce qui ne peut être évité, il faut
l'embrasser.
William Shakespeare
Une question m’est fréquemment posée, c’est celle de mes goûts en matière de femmes. On m’a souvent demandé quel genre de femmes je préférais, lesquelles me plaisaient le plus, les caractéristiques qui me faisaient fondre ou les types qui m’excitaient… Je rends hommage à la dernière malicieuse qui m’a posé cette question.
Valérie
D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais pas de préférences particulières dans mes premières rencontres, lors de mes premières amours. Je ne me posais probablement pas la question de cette manière là quand, à l’heure de la récré, je tentais de glisser un morceau de feuille à carreaux dans la poche de Valérie, la plus belle fille du CE1. Le petit mot si maladroit qui me brûlait les doigts et affolait mon cœur s’adressait juste à celle que je pensais aimer. Et à cet âge là, j’espérais pouvoir l’embrasser un jour lointain, quand nous serions mariés. Ce premier grand amour était une jolie brune aux cheveux raides et mi-longs et aux traits fins. Elle faisait du ski avec moi le week-end. Elle me laissait l’impression d’être très féminine et un peu fragile. Je crois qu’elle souriait beaucoup et qu’elle me semblait élégante. C’est sûrement avec elle que j’ai senti pour la première fois ce que c’était d’aimer. En la recroisant par hasard une décennie plus tard, elle me plaisait toujours autant.
L’expérience de la beauté
Quelques années après, au collège Sylvie une autre fille de mon âge m’offrit une photo d’elle, un très joli portrait. Encore la plus belle fille de la classe, cette fois-ci blonde aux yeux bleus. Impossible de ne pas me sentir attiré par cette créature sublime. Sportive aussi, je me souviens des émotions intenses que nous partagions sur les télésièges lorsque nous parvenions à nous retrouver pour remonter la piste ensemble. Elle était très courtisée. Elle me troublait par sa beauté d’ange que tous les garçons remarquaient, mais aussi par les formes de son corps de jeune fille que je trouvais douces et envoûtantes. Etrangement son charme si puissant avait tendance, je crois, à me contenir dans une posture admirative, contemplative et passive, plus qu’à lui faire une cour acharnée et des déclarations débridées. Pourtant elle m’excitait bien sexuellement quand je contemplais le portrait d’elle que je gardais secrètement. Mais la regarder me suffisait, sa splendeur solaire me semblait presque intouchable. Sa seule présence me comblait. Je pense avoir fait auprès d’elle ma première expérience de la beauté.
Les étrangères
En me remémorant les autres filles que j’ai aimées ou qui m’ont attirées plus tard à l’adolescence je ne parviens pas vraiment à trouver un type précis ou des traits communs à celles qui m’ont fait rêver. Je sais seulement que chacune avait un pouvoir de séduction qui faisait de moi un esclave prêt à tout pour obtenir leur intérêt. Ma maladresse et ma timidité eurent souvent raison de mes ardeurs. Je me souviens encore qu’en vacances, lorsque je voyageais avec mes parents, ou quand les nombreux touristes débarquaient dans notre petite station de montagne, j’aimais beaucoup aller à la rencontre des étrangères. Mes premiers mots d’anglais furent vite rôdés auprès d’hollandaises ou d’allemandes à la peau rosie par le soleil des plages du sud de la France. Baragouiner quelques mots d’italien ou d’espagnol approximatif faisait aussi partie de mes loisirs favoris. C’est manifestement l’exotisme de ces filles qui m’attirait… et m’attire toujours. Et bien souvent après avoir échangé nos adresses à la fin du séjour, nous correspondions de longs mois par courrier, espérant une nouvelle occasion de se revoir. Ce qui arrivait quelquefois.
Quelques regards suffisaient
A la fin de l’adolescence, lors de mes premières vraies expériences sexuelles, j’ai partagé des moments avec des filles quelquefois légèrement plus âgées que moi. J’ai apprécié chez elles leur capacité à se donner au plaisir avec simplicité, parfois avec audace et impudeur. Les jobs d’été, les fêtes de villages, les grands échanges sportifs et les séjours linguistiques offraient bien-sûr des circonstances exceptionnellement favorables. De cette période, je garde le sentiment que nous faisions l’amour très simplement, lorsque nous en avions l’envie réciproque. Il ne nous semblait pas utile de faire de longues parades pour parvenir à nos fins. Quelques regards suffisaient généralement, quelques baisers nous emportaient et l’on se retrouvait dans un champ, dans un grenier ou sur une plage pour une étreinte sans fioritures. Le seul trait commun aux filles que j’ai connues à cette époque serait certainement leur absence de sophistication. J’étais attiré par des beautés simples et naturelles. J’avais tendance à considérer le maquillage comme une arnaque et les talons hauts comme un risque de chute.
Le sens du plaisir
Bien plus tard, à l’âge où l’on ne confond plus l’amour et le désir, j’ai reconnu dans les yeux de mes compagnes des caractères si différents qu’il m’est toujours impossible de distinguer leurs points communs. Je crois que chacune a eu sa manière de me plaire, (qu’elle n’aurait – j’aime le croire – peut-être pas eue avec un autre), tout comme j’essayais d’être digne de notre rencontre en livrant mes désirs à celle qui me confiait les siens. La complicité qui résulte de cette capacité de confiance n’a depuis jamais cessé de me surprendre. Devenu adulte, j’ai traversé quelques périodes de doutes et d’euphorie sur à ma capacité de séduction. J’ai aussi réalisé les fantasmes qui m’attiraient le plus en compagnie de quelques muses dont la curiosité, la générosité et l’extravagance m’ont ravies d’une manière incommensurable. Mais il se trouve aussi que le sexe n’a eu de sens pour moi que dans la mesure où il faisait partie d’une démarche commune vers de nouveaux plaisirs ou d’une (re)découverte de mon/notre désir. Au delà des délices de l’escapade, j’ai pris conscience que l’écriture nourrissait depuis toujours mon rapport aux femmes, et inversement (à l’évidence) que les femmes m’inspiraient. Des premiers mots doux de la cour d’école aux innombrables lettres enflammées que j’échangeais avec mes amours de vacances, jusqu’aux hommages rendus aux muses qui partagent mes goûts pour l’art de l’arabesque et de la luxure, j’ai toujours cru à la magie des mots pour envoûter les belles et sublimer l’instant fugace d’une rencontre.
Très tôt dans ma vie, j’ai rencontré celle que je pense être la femme de ma vie. Dès les premiers instants, j’ai su qu’elle était celle que j’attendais. C’était une évidence. Etait-elle danseuse, audacieuse, féminine ou joueuse ? Je n’en savais encore rien. Sa rencontre, sa découverte et sa connaissance sont une aventure qui se poursuit et me réserve encore de magnifiques surprises. Elle a fait de moi l’homme que je suis comme j’ai fait d’elle la femme qu’elle est devenue. Je sais que si je devais la rencontrer aujourd’hui pour la première fois, elle m’attirerait de la même façon qu’au premier jour. Et je ne sais toujours pas pourquoi.
Brunes, blondes, affirmatif et rouquines ooh ooh ooh (No comment, Gainsbourg)
Alors si je réponds parfois que j’ai certaines préférences pour les sportives et les danseuses, les filles au sang mêlé et à la peau caramel, les rousses flamboyantes, les blondes fatales, les brunes au sang chaud et les poupées aux yeux verts… il faut avouer que cet aspect-là des choses est en réalité assez secondaire. Si l’attraction physique est primordiale, j’apprécie d’abord l’audace, l’intelligence, la sensibilité et l’élégance d’esprit chez celles qui croisent mon chemin. L’assurance comme la fragilité peuvent me bouleverser, l’innocence comme l’expérience peuvent me faire craquer, la gravité comme la légèreté et l’insouciance peuvent me chavirer. J’aime par dessus tout qu’une femme soit pleinement elle-même et pleinement féminine, aimant plaire, aimant séduire en s’en donnant les moyens, honnête face à son désir, aimant choisir librement ses camarades de jeux, sachant renverser les règles du jeu à l’occasion… Esclave et libre, joueuse et sérieuse à la fois... parce que nos paradoxes sont précieux et qu’ils nous révèlent pleinement. En somme j’aime chez les femmes ce que j’apprécie chez mes ami(e)s : j’aime la rencontre et l’échange qu’ils permettent, à ceci près que le domaine du désir et de l’érotisme engendre d’autres sortes de troubles…
© DGC
Illustration : Coll. pers « l’Athlète »
Au rythme de l'animal bat le coeur du dompteur
ce ne sont pas les griffes ni les crocs qui font peur
il sait faire claquer son fouet dans la lueur
il redoute que la lionne, le tigre et la panthère
se détournent, l'abandonnent, et le laissent à terre
car au fond de leurs yeux il recherche la lumière
Bises à toi ma Louve...
un délices de textes illustrés de clichés authentiques, que je découvre au détour d'un passage chez moi. une bien belle promenade dans votre univers poétique et érotique
On peut résumer comme ça, cher Waid : très féminines toujours, asurément.
Mais la féminité prend parfois des apparences trompeuses...
Alors finalement, tu les aimes comment, Bougrenette ?
Je dirais que ce qui enflamme tes yeux
C'est le présent de la jouissance
Un "temps figé" qui te met en transe
Je ne parle pas du verbe "jouir"
dans l'optique "mettre dans son lit"
Je parle de plaisir, de douceur partagé
Je parle tout simplement d'intimité
Car même si tu apparais en séducteur
Moi je pense que c'est ton coeur
qui raisonne de joie et tambourine
Et pas spécialement "ta bite"
Mais je peux me tromper
Pourtant je reste persuadée
Qu'un renard, un temps, s'est acclimaté
A une louve qui a accepté d'être apprivoisée