Au Paradis des Muses


 

Et la volupté n'est, peut-être, je le crois, Que l'essai de mourir ensemble.

Anna de Noailles Choix de poésies

 

 

Elle était revenue de la salle de bain sans son jean et en lui déclarant avec une fausse désinvolture « J’ai vraiment envie de toi maintenant ». Alors il lui avait demandé à quoi elle se fiait pour affirmer une chose pareille. Par simple jeu. Car il devinait qu’elle devait sentir un volcan dans le bas de son ventre, tout comme lui qui n’arrivait plus à contenir son érection dans son boxer à ouverture frontale. Mais toute sa pudeur n’était pas tout à fait vaincue. Il remarqua qu’elle portait aussi des sous-vêtements noirs… Décidément ils étaient très bien assortis, s’amusa t-il. Les quelques amis auxquels il avait montré la photo de leurs portraits avaient tous dit la même chose : « Vous êtes pareils, vous allez vraiment bien ensembles… » Ce genre de choses. Il était flagrant qu’ils avaient quelques points communs physiquement. Mais pas seulement. A l’évidence bien d’autres choses les rapprochaient dans ces circonstances.

 

Une main dans son shorty

 

Elle s’approcha de lui et ils s’embrassèrent passionnément et longuement, avec une fougue insensée. Comme si leur vie en dépendait, pensa t-il. Il lui sembla qu’elle lui donnait les baisers qu’elle lui avait refusés dans la rue. Il caressa doucement ses cuisses et ses hanches en la regardant pour s’étourdir de sa splendeur, puis immisça lentement sa main dans son shorty pour effleurer son pubis.

 

L’atmosphère venait soudain de changer. Il eut l’impression qu’à partir de ce geste tout ce qui se passerait entre eux prendrait une signification sexuelle. Elle creusa ses reins et son souffle s’accéléra brutalement. Bouleversé, il comprit que sa pudeur avait disparu et qu’elle était en train de se donner à lui.

 

Il fit glisser son doigt le long de son sillon avec une lenteur aussi excessive qu’insupportable. Il voulait qu’elle puisse apprécier chaque seconde de ce geste hautement explosif, tout particulièrement quand il est commis pour la première fois entre deux amants. En rêvant d’instants éternels, il partait à la découverte d’un nouveau continent de sensualité, de douceurs et de volupté. Il fallait que sur sa terre promise elle puisse l’accueillir à sa guise et qu’elle s’en souvienne toute sa vie.

 

L’émouvoir

 

La pression qu’il exerça sur les lèvres fut si légère qu’il sentit à peine l’étourdissante douceur de son sexe de femme. Il fit de très lents mouvements encore de longues minutes avant de songer à replier délicatement son majeur vers les bords intérieurs de la chair humide et palpitante de son fruit. Là encore il fit bien moins que le minimum pour l’émouvoir. Elle se noyait dans un tel état d’attente et de réceptivité qu’il lui sembla qu’un seul souffle aurait pu suffire à la faire jouir.

 

Ils ne se quittaient pas des yeux. Son doigt continua son minutieux travail masturbatoire. Il s’approcha enfin de son clitoris. Il sentit qu’il était gonflé, dur et tendu. Son doigt humide effleura le bourgeon mûr pour la première fois. Il le toucha de la manière la plus timide, la plus éthérée et la plus exquise qu’il sut le faire. La tension de leurs sens était alors à son comble. Toute son ardeur était au service de sa maîtrise, de sa retenue et de sa lenteur tandis qu’elle réclamait de tout son corps et de tout son être qu’il lui rentre dedans, qu’il lui donne sa force, qu’il la tue.

 

 

 

 

© DGC 06 2008

Illustration : Brassai-« Fille dans un hôtel de passe »

 

Jeu 14 aoû 2008 4 commentaires
Quand le goupil devient vampire
faisant durer la montée du désir
A moins que ce soit du sadisme ?
où le plaisir d'un égoiste ?

Moi je pense te connaitre un peu
et je dirais que tu aimes le feu
mais tu aimes à prendre le temps
de la flamme et jusqu'aux cendres

Et le brasier n'est point terminé
car tel un Phénix tu sais relancer
la folie, les souvenirs, la sensualité
par ton regard, tes mots et tes baisers
Multi-Sourires - le 14/08/2008 à 19h07

Aimer le feu comme on joue aux jeux de hasard,
se perdre au dédale des sensations rares,
pointer du doigt ceux qui n'osent pas,
et vaincre les défis et les lois,
juste pour le plaisir de jouir à mourir,
avec celle qui nous trouble à frémir.

Baisers brulants à toi chère Multi S.
Anonyme
Une écriture chaude et délicate, j'aime...
Et une arme que j'ai suivie jusqu'ici ;-)
Sourires
Cara mia - le 22/08/2008 à 14h37
Chère Cara tu es une petite curieuse !
Merci, et bienvenue à toi ...
Anonyme
Ouff.. cette tension.. palpable.. c'est vraiment un texte.. délicieux !! miam ! Merci Elover ! :)
Caelia - le 22/08/2008 à 23h20
Tension dis tu ? Chère Caélia... Espérons que tu retrouves ta quiétude et ta sérénité après toutes ces émotions ;-)
Plus sérieusement, je suis ravi de découvrir qu'une émotion
aussi violente et passionnée peut se transmettre et se partager.
A bientôt...
Anonyme
Une attente insupportable, insoutenable. Attention trop de trop tue le trop!
A trop vouloir retenir l'autre le désir s'emousse quelque fois, il faut savoir doser...
bisous
oxanne - le 31/10/2008 à 21h47

Oui ÔXanne, c'est un équilibre périlleux à trouver, le désir est comme la vague. Dans ce mouvement hésitant entre l'attente et la précipitation, il est un juste milieu où il faut savoir saisir le désir qui déborde à son apogée avant qu'il ne risque de chuter dans un tumulte de ressac au goût d'inachevé.
Et pourtant... l'attente est féconde.
Anonyme