Au Paradis des Muses

La femme est un délicieux instrument de plaisir,

mais il faut en connaître les frémissantes cordes, en étudier la prose,

le clavier timide, le doigté changeant et capricieux.

(Balzac : Physiologie du mariage)

 

 

Lorsqu’elle voulut savoir ce que contenait son sac, il lui vint un sourire. Un de ces petits sourires qui semblait dire : - Ma cocotte, j’ai l’impression que ta curiosité te mène là où tu n’avais pas prévu d’aller… Cette plongée imprévue dans son intimité allait lui donner une occasion rêvée d’en dire un peu plus long sur lui. En observant ses réactions, il en saurait aussi un peu plus long sur elle.

 

Il commença par lui sortir quelques carnets, son cahier de notes, celui qu’il noircit presque chaque jour quand il ne peut pas écrire directement au clavier. Il ouvrit quelques textes qu’elle connaissait puis lui fit part de quelques projets en cours… (Il a toujours des projets en cours.) De la pochette avant, il sortit une paire de lunettes de soleil, des stylos, des stabilos et un couteau. De la poche arrière, il extirpa son agenda, rempli de papiers de toutes sortes, des rendez-vous, des citations, un plan de métro et des photos.

 

A l’intérieur de la besace, un portefeuille – porte cartes avec ses papiers, son permis et quelques billets. Par en dessous, il tira une pochette de tissu remplie de petits objets de toutes sortes. Il l’ouvrit délicatement en lui disant : - ça c’est mon nécessaire de survie, une vieille habitude de randonneur, un truc de Mac Gyver, la trousse du bricoleur. Avec élégance, il précisa encore : - Si tu préfères, c’est la trousse du parfait queutard. Une brosse à dent de voyage, un échantillon de dentifrice, un paquet de kleenex, un briquet, différents modèles de préservatifs, un petit savon, quelques sachets d’Aspro, des granules d’arnica, et je ne sais plus quoi… Jusque là il l’amusait à la distraire et à lui montrer qu’il était un gars prévoyant et plein d’astuces.

 

Puis il fouilla plus au fond de sa gibecière et en tira lentement un autre trésor. Ceci est un de mes derniers achats, lui fit-il, j’ai pensé que ça pourrait sans doute t’intéresser. Un instant, elle s’interrogea en distinguant la matière tressée. Il tira le paquet savamment enroulé à la manière des alpinistes.

– Oh, fit elle ! Qu’elle est belle. Mais… à quoi cela peut-il bien servir ? Est-ce bien ce que je pense ?

– Pas de doute là dessus, répondit-il, c’est pas pour étendre le linge. Regarde comme elle et longue et touche comme elle est douce. J’ai pris grand soin à la choisir. Sa blancheur éclatante met parfaitement la peau en valeur. Dois-je la dérouler ?

 

 

© DGC 10 2006

illustration Coll. pers. « L'Iguane »

Ven 24 oct 2008 5 commentaires
Et bien, décidément, tout le monde y va de son morceau de corde en ce moment...
Pas que cela me dérange... bien au contraire...
Heu !!! Bon, je m'égare...
Je voulais juste dire que ce texte est très bien construit et agréable à lire...
J'arrête, parce que je me mélange un peu... Pffffffff !!! Les cordes me font toujours cet effet la...
Lyzis - le 24/10/2008 à 18h34

Miss Lyzis s'emmêle les pieds dans les cordages
pantoise, elle trébuche, titube, flageole et choit,
les cordes à noeuds comme un mirage
une émotion et non un choix !

Baisers entremêlés
Anonyme
Oh! Si! Il le doit...
Ange solaire - le 24/10/2008 à 23h51

Ange de passage sur le nuage des Muses
pas sage du tout, elle éclaire de sa lumière
les rêves cachés, interdits, obsurs et solairesReçois la révérence de ces heures confuses

Baisers de lumière

Anonyme
Je reconnais toujours un texte que j'ai déjà lu
mais là, un grand plaisir car lorsque je t'ai vu
je t'avais exprimé le souhait que tu mettes en lignes
tes mots, tes muses, tes rêves, tes écrits, tes lignes

Vibration différente en lisant cet encordage
moi la louve un peu folle et sauvage
et pourtant je reconnais être tombé dans tes filets
"Maitre de l'écriture" comme j'aime t'appeler

Pour répondre à ta sensuelle question
je te dirais "vas-y et donne lui le frisson"
car c'est dans l'immobiliation et l'offrande
que l'on vit une des plus belles transes
Multi-sourires - le 25/10/2008 à 07h55

Maitre de l'écriture, comme j'aime ce sobriquet !
Louve un peu folle et sauvage
parfois s'affole et s'enrage
ivre de liberté autant que d'amitié

Baiser animal
Anonyme
De liens en liens je me retrouve ici, je me sens bien, j'aime l'ambiance qu'il y regne, je ne sais pas si je vais retrouver le chemin pour rentrer chez moi. C'est pas bien grave, il fait bon chez toi.
oxanne - le 25/10/2008 à 22h41

Oh ! Oxanne, ton X risque de me troubler,
l'ambiance ici est propice aux délices
aux cordes qui glissent et aux rimes riches
Sois bienvenue, toute habillée ou toute nue !

Baisers d'accueil
Anonyme
J'ai rêvé de toi la nuit dernière... Je me rappelle, d'un mal de tête, de frisson, de température...et d'une corde....
L'imperatrice - le 27/10/2008 à 13h39

L'Impératrice qui rêve, qui m'interpelle et se rappelle
c'est toute la terre qui se met à trembler sous nos semelles
les mythes éternels et les mirages de notre époque virtuelle
n'éclipseront jamais les amants du macadam, des bars ou des ruelles...

Anonyme