Au Paradis des Muses

« L'insolite et l'illicite, deux ingrédients indispensables de toute pornographie »

Marguerite Yourcenar

 

 

Le wagon est presque vide

La blonde en tailleur strict

Elle est assise

Je m’installe presque en face d’elle

Juste un peu décalé, pour pas l’incommoder

Nous aurons très peu de temps

Je la regarde lentement mais sans détour

Je commence par ses chaussures

Elle perçoit mon regard

Je continue sans sourciller et je comprends qu’elle apprécie

Un premier souffle se produit

Un léger sourire sur ses lèvres

Mes yeux remontent sur ses jambes voilées

Sa jupe est courte

Je croise ses yeux

Le feu s’allume entre elle et moi

Nos cœurs s’accélèrent et nos sens s’échauffent

La gorge à sec et la queue saisie à froid

Mais je n’ai pas terminé

Je soutiendrai son regard brillant par pure provocation

Sa beauté mure m’excite très brutalement

Sa bouche se déforme légèrement

Son visage prend des expressions qui lui échappent

Son émoi est manifeste

Notre audace nous déstabilise dangereusement

Elle manque totalement de pudeur

Je décide d’en profiter outrageusement

Tant pis si elle me balance une baigne

Mes yeux plongent directement entre ses seins

Dentelle entr’aperçue sur sa peau nue

Escapade voluptueuse dans ses dunes dorées par l’été

Elle se tord sur son siège

Ses jambes croisent, se décroisent et se recroisent délicieusement

Je lui souris avec complicité, comme pour la rassurer

Crissement des bas, cris de la soie

Je rêve de son parfum et de son goût

Elle me semble totalement déboussolée

Pas un seul mot entre nous, juste nos regards

Une rencontre purement instinctive et primitive

Jouissance de l’instant, effroi de l’inconnu

Puissance de l’attraction, viol virtuel

Effraction en mode visuel, émotions et secousses charnelles

Elle se lève pour sortir

Sa silhouette svelte me hèle

Je m’apprête à la suivre, à venir la sentir

A voler son odeur de femelle excitée par mes regards indécents

On descend l’escalier en attendant l’arrêt de la rame

Sa chevelure à portée de ma bouche et son cou à portée de mon nez

Encore un pas, elle s’aperçoit de l’excès de proximité

Mi flattée mi effrayée, ma main affleure la sienne une fraction de seconde

La porte s’ouvrira sans un contact de plus entre nos corps

Ses talons claquent

Elégante sur le quai

Je la regarde s’éloigner sous les néons blêmes

Les nerfs à vif et le regard en bataille

 

 

 

 

© DGC 05 2008

Illustration DGC coll. pers.

Ven 7 nov 2008 9 commentaires
Tes mots, rimes et sons m'avaient manqués
mais j'avoue être totalement enchantée
par ce petit moment de vie qui dans l'instant
se fige dans notre esprit et ce pour longtemp
s
Multi-sourires - le 07/11/2008 à 19h32
je sais que parfois je me fais rare
pas pour me faire mieux désirer
ni ton attente solliciter
souvent mon job me retient tard

mon oeil s'attarde sur des belles
je prends des notes dans mon cahier
la tête posée sur l'oreiller
je vous compose des ritournelles...

bisous d'un obsédé
Anonyme
Vous nous faites vivre si joliment ses petits instants volés au quotidien...
Comment résister à un tel regard... ?
Lyzis - le 08/11/2008 à 07h40
Douce Lyzis,
Vos vouvoiements comme des caresses,
c'est une marque que je remarque
lorsque Madame vouvoie Monsieur
cela les rend meilleurs amants

Mais je m'égare
Vous prendrez garde à mes audaces,
elles ne sont jamais très sérieuses
je ne connais même pas vos yeux
je suis parfois bien trop loquace !

Anonyme
Monsieur,

Sachez que le vouvoiement est chez moi plus naturel que le tutoiement...
Je m'y sens plus à l'aise et j'aime les formes (verbales) de cette personne...
Quant à vos égarements... je vous en prie, ne soyez pas sérieux... tant que ce ne sont que des traits d'audace...

Au plaisir de vous lire... donc... ;-)
Lyzis - le 09/11/2008 à 09h32
Chère madame,
si vous êtes joueuse, en plus...

Cessons : brisons la glace,
je ne vois pas comment
je briderais mon audace
et mes emportements !

Auriez vous,
belle bloggeuse, une astuce ?
Anonyme
Il y a tant de rencontres avec ce caractères, combien d'étreintes ainsi amorcées mais hélas avortées ?

 Baudelaire l'a si bien (d)écrit d'ailleurs...
Savinien - le 09/11/2008 à 09h42

Cher Savinien,
mille fois nos mots choisis redisent maladroitement
ce que d'illustres avant nous ont su versifier.
Je pense ici aussi à Monsieur Brassens, amère et songeant à ces belles Passantes
"que l'on n'a pas su retenir" mais qui nous ont bouleversées.

Bien à vous et merci de votre visite.
Anonyme
Il faudrait donc être aussi astucieuse que joueuse dîtes-vous ?
Lyzis - le 10/11/2008 à 06h29
Parfaitement Miss Lyzis !

Le jeu mérite que l'on ait un peu d'esprit.
Vous ne présumiez tout de même pas que l'enjeu m'intéressait sans quelques joutes verbales ou quelques estocades... Une charmante partenaire qui ne résisterait pas serait moins attirante. Une belle sans astuces ne saurait m'exciter .
Anonyme
Et bien, voici une mise en situation délicate... ;-)
Lyzis - le 11/11/2008 à 18h34

N'en faites rien chère Lyzis, détendez-vous, mettez vous à l'aise !
Et faites donc comme chez vous...
Anonyme
Yourcenar a tant raison !
Difficile car sans reel chance d'aboutir, mais elle a sous cette assaut sans toucher vibrer reellement.
Joli texte !
X-Addict - le 13/11/2008 à 06h45

Merci cher X, vous êtes bienvenus par ici. 
Vous avez raison : "vibrer sans toucher" voilà qui est troublant...
Anonyme
Bonjour, mon commentaire n'a rien a voir avec le votre, juste en fait une question, pour vous demander de quel film sont tirés dans votre rubrique photos cinéma les références : "les anges" merci d'avance......Cordialement Maitrefrederos.
EROS - le 23/11/2008 à 23h35
La réponse est "Les anges exterminateurs", cher Eros.
Anonyme

Héhé... en voilà une qui a eu peur du grand méchant loup... ? ou est-ce toi qui n'a pas osé aller de l'avant avec elle ?... La gente féminine a parfois pour réflexe dans ce genre de situation a ne pas laisser aller les choses plus avant alors qu'elle en meure d'envie. Peut-être était-elle déçue en sortant de ce wagon... Peut-être souhaitait-elle que tu lui cours après... Mais dans ces ces-là, le récit n'aurait pas été le même...

Joli texte, en effet.

Papillon - le 28/11/2008 à 23h01

Oui Papillon, la question de la peur se pose, naturellement. Nous sommes un peu dans une situation de chasseur / chassée, tant les instincts de prédations semblent à l'oeuvre dans ces moments là. Elle avait très envie d'être croquée, si l'on en croit ses attitudes corporelles, et le corps ne ment pas... Mais il est hors de question que je cours après quiconque ! Car je suis doux comme un agneau...
Anonyme