Au Paradis des Muses


 

 «Tes yeux sont si profonds qu’en m’y penchant pour boire

J’ai vu tous les soleils y venir des mirer »

 (Les yeux d’Elsa, Aragon)


 

L’air avait changé de couleur depuis que de leurs trajectoires célestes ils avaient entrevu l’impact de leurs deux météorites corporelles.

Même si les ellipses de leurs destinées à plusieurs occasions s’étaient entrecroisées pour éclipser les contingences de leurs obligations et de leurs habitudes civilisées, le choc de leurs existences ainsi provoqué avait toujours engendré des secousses sidérales dans leurs deux galaxies.

Quand ils se quittaient les incertitudes astronomiques les catapultaient dans des abysses d’attentes et d’attractions. Mais depuis que les mages et les anges de la voie lactée coopéraient et arrangeaient leurs perspectives concupiscentes, ils se sentaient déjà comme en fusion, ils projetaient leurs douces danses sous la lune rousse de leurs folies.

Chaque lever de soleil annonçait d’une voix sirénienne qu’ils se rapprochaient du point de rencontre tant espéré. Chaque heure écoulée était un cadeau que les archanges du temps leur offraient. Leurs nuits à rêver s’écoulaient comme des bienfaits. Et leurs rêves agités chaque fois partagés.

Le vent portait à leurs têtes des parfums de luxures et leurs peaux plus sensibles attendaient déjà les glissements crépusculaires qui réchauffent jusqu’à l’aurore les corps des amants emportés.

Forts de leurs certitudes coperniciennes, leurs imaginaires tentaculaires se perdaient aux labyrinthes de leurs désirs et de leurs espérances.

Parfois ils songeaient que les libertés qu’ils volaient au monde, ces espace-temps improbables fabriqués de toutes pièces n’auraient jamais pu être l’œuvre d’un démiurge, fut-il jadis joueur de dés.

 

 

 

 

© DGC 03 2009

Illustration : Col. Pers. Petit Palais

 

Ven 6 mar 2009 3 commentaires
Eu-t-il fallu être croyante pour entendre vos mots que j'aurai regretté de ne point l'être...
Heureusement il n'est point besoin d'être un ange pour saisir la beauté de cet amour irrésistible...
Alors qu'il soit du au jet de dé d'une divinité ou aux aléas du vent, c'est simplement très beau...
Lyzis - le 06/03/2009 à 15h58

Lyzis !
Vous me décoiffez l'auréole...
Comme athée je me dois de cultiver ma spiritualité, toute personnelle qu'elle soit.
Me croirez vous si je vous dis que je passe une partie importante de mon temps à travailler avec un curé ? Pourtant je ne crois pas un mot de ses sermons.
Je fréquente les abbayes, les cathédrales et les monastères.
J'aime aussi me réfugier de temps à autres dans une église pour y écrire des vers coquins ou en faire lire à une muse rougissante... C'est toujours un délice.
On dit que Dieu est amour, n'est ce pas ?
(Merci d'être vous)
Anonyme
E.L.
Désolée pour votre auréole... je ne l'avais pas vu...
Je vous suis sur le chemin de l'athéisme... où le plaisir devient celui de cultiver sciemment ses propres croyances...
Et je vous crois, bien évidemment, pour quelle raison mettrais-je en doute vos paroles... même si elles ne sont d'évangile...
J'aime aussi les odeurs, les sons des lieux saints, des lieux que certains appellent sacrés... mais point de mots coquins aux oreilles rougissantes... mon L. n'a pas le plaisir de ces voutes résonnantes...
Oui, on dit que Dieu est amour, et si c'etait le cas, je pourrais bien y croire...
(De rien, je n'y suis finalement pas pour grand chose)
Lyzis - le 06/03/2009 à 17h39

Ainsi vous aussi, Lyzis, vous êtes une mécréante ?
Décidément vous avez toutes les qualités !
Vous devriez essayer les lectures licencieuses dans un confessionnal,
ou en position de prière, c'est tout à fait savoureux...
Baisers
Anonyme
Tout a commencé avec un big bang
puis la guerre entre démons et anges
alors Dieu dans son grand amour
dit aux hommes "aimez vous, toujours !"

Un prêtre un jour m'a dit en sermon
qu'entre homme et femme la communication
la plus belle, était les corps en fusion
pour générer tendresse, folie et passion
Multi-sourires - le 07/03/2009 à 07h04

M.S, ton prêtre était bien cool.
Peut-être a t il voulu sauver les apparences.
Sur les questions de sexe, de morale, de conduite,
l'Eglise se croit permise de donner son avis.
Concevrait-on seulement qu'un pouvoir temporel
prescrive une voie à suivre entre amants languissants ?
Personnellent je crois qu'elle serait bien plus sage
en s'occupant d'obord de sa propre cuisine.

Mais c'est un très vaste sujet...!
Anonyme