Au Paradis des Muses

 

« Un homme qui a la foi doit se préparer à être un martyr mais aussi un sot. »

Gilbert Keith Chesterton

 

 

Bien qu’athée, mes obligations professionnelles m’obligent à me rendre fréquemment dans des lieux de culte, des lieux de retraite ou des lieux de pèlerinages chrétiens. Dernièrement j’ai du me rendre deux jours à Lourdes, pour une série de conférences.

Nous avions un programme bien organisé. L’après-midi, entre deux interventions, nous pouvions disposer d’une petite heure pour nous restaurer et nous détendre. Le soleil était très agréable en ce début de printemps, et après avoir partagé un thé et quelques biscuits avec les organisateurs de la rencontre, j’en profitai pour occuper un banc, sortir mes lunettes de soleil et mon cahier pour écrire un article qui me trottait dans la tête au sujet du parfum des muses, (plus précisément au sujet d’une muse particulièrement troublante que j’envisageais de lutiner furieusement).

Exposé à la chaleur, bientôt mon léger pull coton me tint trop chaud et sans me poser plus de questions, je le retirai. Mon Mp3 me faisait avantageusement naviguer entre les volutes de Gainsbourg et les vertiges d’Alanis Morissette. Le plaisir des rayons chauds sur ma peau nue était des plus exquises pendant cette petite pause.

J’allais terminer mon article quand une espèce de type en chemise bleue dont la moustache n’était pas sans rappeler celle du Maréchal Pétain se mit à me parler d’un air passablement autoritaire et fort désagréable. Mon casque m’empêchait de saisir le motif de sa colère. Je le regardais hébété en retirant mes oreillettes.

- Vous êtes sur un lieu saing. - Un quoi ? - Un lieu saing !

L’accent est bien local. Le petit agent a bien été recruté dans la campagne alentour, cela ne fait aucun doute.

Je finis par piger. Il me dit de me rhabiller parce qu’ « ici, en face de la grotte des miracles, c’est un lieu saing et qu’il faut garder une tenue décente. »

Je note que mon corps n’est donc pas décent.

Je ne cherche jamais à discuter avec ce genre de personnage. Je remets simplement mon pull alors qu’il s’éloigne déjà. Ce con a bien failli me couper mon inspiration. J’ai presque terminé mon article quand je réalise soudain que j’aurais pu lui fermer sa grande gueule de petit facho.

Ce mec ensanglanté, en pagne, là derrière, sur les deux morceaux de bois en forme de croix, c’est quoi exactement, au juste ? Vous trouvez qu’il est décent, lui ?

 

 

 

 

© DGC 03 2009

Illustration : Justine Simon.

Sam 21 mar 2009 5 commentaires
Heu ! Il parait que c'est pas bien, mais moi, ça me fait beaucoup rire...
Lyzis - le 21/03/2009 à 14h08

Votre rire est salutaire, Lyzis.
Loin d'être l'arme du diable, i
ls sont larmes de joie.
Nos rires sont l'expression même de l'envie de vie
dans ce monde d'abrutis mortifères...
Anonyme
Ouah ! Abrutis mortifères...

Et bien oui, je préfère rire... et si je peux le communiquer... c'est encore mieux...

Je vais vous faire une confidence : je ne crois ni en l'un ni en l'autre... Mais chut ! 
Lyzis - le 01/04/2009 à 12h24
;-))
Anonyme
Voila plusieurs jours que je me dis que je vais commenter ton billet.
Parmis les personnes athées que je frequente, tu es un de ceux qui ont le plus de respect envers les croyants que je suis.
Certaines personnes oublient que dans le jardin d'eden l'homme et la femme étaient nus.
'Dieu créa l'homme et la femme et il vu que tout était beau... Il les créa nu....'
Mais bon des crétins, tu en trouveras partout, justement pour détruire, car ils n'ont rien compris à l'immence Amour et Bonté de Dieu.
N'oublions pas non plus que le sexe, l'amour et le plaisir fut aussi crée par lui. (Cantiques des Cantiques, livre biblique) Hymme à l'amour et au plaisir du sexe.
L'imperatrice - le 02/04/2009 à 12h19

Merci pour tes mots, chère Impératrice !

J'étais vraiment très en colère en revenant de Lourdes...
Je le suis encore plus quand j'entend le vieux cinglé du Vatican.
Mais tu as raison, j'ai du respect pour certains croyants... quand ils sont véritablement ouverts. C'est très rare.
Comme tu sais, malgré mes convictions opposées je continue à mettre ma plume au service de la parole d'un prêtre... peu conventionnel. Pour moi c'est un exercice d'ouverture qui reste difficile mais enrichissant.
Sur mon chemin se sont trouvés quelques amis et quelques muses qui croient au Dieu des chrétiens. Ce n'est pas forcément ce que j'apprécie le plus chez eux. Mais j'ai souvent eu des discussions passionnantes autour de la religion, et plus particulièrement de la spiritualité.
On se comprend assez bien en ce qui concerne les joies et les plaisirs de l'existence terrestre. Je dirais qu'on se rejoint sur certaines valeurs.
Et s'il m'arrive de vibrer à l'unisson du cosmos, j'admets que d'autres y perçoivent la présence de leurs dieux. Cela n'a aucun sens pour moi mais je le comprends.
On m'a déjà dit que j'étais bien plus "croyant" que beaucoup de croyants.
Pour mieux se comprendre, certains athées devraient aussi faire preuve de plus d'ouverture.

Baisers
Anonyme
Es-tu sûr qu'il ne voulait pas plutôt parler d'un lieu seing ?!
Comme une image - le 15/04/2009 à 18h55

Malheureusement pas, cher CUI,

Quoi qu'il arrive dans le lieu saint,
les corps des hommes doivent être ceints,
nul salut pour les malins,
personne ne doit montrer ses seins,
pour que l'Eglise appose son seing !
 
Anonyme
pour moi la seule indécence c'est la violence
et ne pas respecter l'autre, c'est de la violence
Vallis - le 26/05/2009 à 19h27

Absolument chère Vallis,
et dans ce sens, je crois que le pouvoir des religieux est d'une violence inouïe.
Anonyme