Au Paradis des Muses


 

J'avais laissé ma fenêtre ouverte et c'était bon de sentir la nuit d'été

couler sur nos corps bruns. Ce matin, Marie est restée

(Albert Camus, L’Etranger)

 

 

C’est une distance étrange, comme une gravité

Ce poids sur l’estomac qui laisse un goût salé

Une sorte de solitude, une impression nouvelle

 

Mes frères et mes proches me trouvent souvent muet

Ils sont restés là bas, comme de l’autre côté

D’un océan trop large qui nous séparerait

 

Une ère nouvelle commence, le vent s’est retourné

Je ne peux plus leur dire, notre temps a passé

La vie était ailleurs, j’ai voulu la goûter

 

Est-ce un déchirement d’arriver dans ce monde

Sublime qui nous hante et que nous appelons

De nos vœux les plus chers sans connaître son nom ?

 

Etranges sabordages dans ces pays lointains

Echouer au rivage comme au creux de ses reins

Quel est donc cette île qui m’éloigne des miens ?

 

Nos désirs s’accomplissent lorsque l’on plonge en soi

Aux rives de nos rêves, nos espoirs font la loi

J’ai voulu m’échapper à l’escale des rois

 

Au continent des songes, j’ai voulu mettre un pied

Celles que j’ai croisées ressemblaient à des reines

Celui qui s’aventure ne revient pas le même

 


 

 

 

© DGC 07 2009

Illustration Charles Auguste Mengin : Sappho

Ven 10 jui 2009 7 commentaires
quel poème magnifique !!! touchant et rythmé, tout ce que j'aime, bravo !!
Vallisnéria - le 12/07/2009 à 14h29

Merci pour tes compliments chère Vallis,

Comme d'habitude, j'ai mis très longtemps avant d'oser publier ces quelques vers.
Pour ne rien te cacher j'avais écrit ceux-ci en janvier 2008...
et je les trouvais si sombres que j'avais peur de vous effrayer avec ! 
Qu'il te touche ainsi me comble donc.
Anonyme

J'adore...

L'Impératrice - le 12/07/2009 à 16h27

Un seul mot de toi... et tout est dit !
Anonyme
sombres ? ce n'est pas ce que j'ai ressenti.
Au contraire, une envolée, quelque chose de rythmé, comme je l'ai indiqué..
cela m'a fait penser à une plongée à l'intérieur de soi, une re-naissance peut être, pas toujours comprise par les autres.. mais ne faut il pas plonger dans l'obscur pour identifier la clarté ?
Vallisnéria - le 12/07/2009 à 17h59

Plonger en dedans de soi... chère Vallis, c'est la leçon des grands créateurs !

Certains en ressortent illuminés, hallucinés, foudroyés, fous ou incandescents...
Il faut pourtant s'y risquer si nous voulons connaitre notre vérité, puis il nous faut la formuler et tenter de la partager.

Alors nous lisons parfois dans les yeux de ceux et celles qui nous comprennent les lumières de la félicité, le sourire de la fraternité, et nous ne sommes plus jamais seuls.

Anonyme
Troublants et délicieux ces vers...à savourer un soir d'été en attendant l'amant magnifique...
Volcane - le 12/07/2009 à 18h38

Tu l'as attendu, chère Volcane, et il est venu...
Baisers
Anonyme

J'en reviens, effectivement

toujours différent.....

c'Est toujours la Réalité qui me guide aux Songes.......

Jamais l'Espoir......

que je considère, vain, vil, stérile, morbide.........

comme le Bonheur.....

Trop illusoires,

Ces deux......

et tellement

Destructeurs.....

Encore convient-il d'être Prêt...

Alors Voilà !!!:

Allégeance

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima.

Il cherche son pareil dans le voeu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidelité.
Il dessine l'espoir, puis, léger, l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
À son insu, ma liberté est son trésor !
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor,
Ma solitude se creuse.

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima
Et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas !


René CHAR

Henri-Etoile - le 12/07/2009 à 23h06

Belle bienveillance de René C. pour sa belle abandonnée.
Allégence, renoncement ou acceptance, il subsiste en nos mémoires et en nos coeurs,
traces des âmes aimées qui jamais ne s'effacent.
J'en suis persuadé.

Merci pour cette citation, Henri. 
Anonyme
Tu choisis de publier des vers d'hiver en été :-) et quoi qu'il en soit c'est très beau, pas sur que cela puisse effrayer, c'est peut être même le contraire. Et mes salutations amicales
Bougrenette - le 13/07/2009 à 11h36

Divers vers d'hiver divergent de la saison d'été quand il m'arrive de piocher dans mon dossier "Chantier" des rimes enchantées presque oubliées rédigées un jour de rage ou un soir d'orage.
Que celles-ci ne t'effraie pas, voire au contraire te séduisent, c'est assez rassurant, finalement.
 
Anonyme
Le pays des songes est un merveilleux endroit
où la sensualité est reine et où il n y a pas de roi
ceux qui en reviennent, je le confirme ont gardé
un sourire doux sur le visage illuminé
Multi-sourires - le 22/07/2009 à 19h34
Revenir avec ce qu'on a trouvé
Parfois trésors ou nirvana
Le voyageur n'a pas le choix
c'est dans son coeur qu'il doit chercher

A bientôt ma Louve
Anonyme