Au Paradis des Muses


 

Il revient à l’homme d’habiller la femme qu’il déshabille et de parfumer celle qu’il enlace.

 (Amin Maalouf, Le Périple de Baldassare.)

 

 

Ce jour là, pour faire connaissance, parmi cinq sens que les dieux nous ont donnés, nous emploierons le plus primaire, le plus sauvage, le plus troublant, le plus intime, et finalement le plus tentant. Nous préférerons l’odorat.

 

D’abord, près de toi j’approcherai. Très près. Beaucoup trop près. Exprès. Guidé par les courbes creuses de ton corps, mon nez te cherchera.

 

Il débusquera les restes d’une fragrance de parfum ou de shampooing. Mais ne s’y attardera pas. Il chinera des effluves de toi, des soupçons d’épices naturelles, une senteur corporelle plus rare. Mon flair musardera tout autour de ton cou et mon nez te troublera par sa caresse et son souffle mesuré tout autant que par sa présence inquisitrice et obsédante.

 

Ta nuque, évidemment, siège de multiples émotions, me révélera de nouvelles exhalaisons et quelques chaleurs avant que tes cheveux finissent de m’envoûter de leurs charmants bouquets.

 

Puis, me penchant un peu plus, voguant de ton dos à tes reins, de ta poitrine à ton nombril puis de ton ventre à tes chevilles, mon radar nasal découvrira d’autres saveurs imprévisibles. L’aventure m’emportera, tes paysages m’apparaîtront.

 

Sans un mot, j’entrerai dans tes univers les plus secrets. Tu m’accueilleras sur tes îles cachées, tu m’offriras tes fleurs invisibles. Tu frémiras, d’impatience et de trouble, perdue quelque part entre la peur de me voir découvrir une senteur inconvenante et la délicieuse impression d’être outrageusement possédée par mon nez.

 

Sachant que tu ne peux plus rien me cacher, tu finiras par abandonner l’idée qu’un relent naturel suscité par l’excitation ou la luxure puisse me déplaire.

 

Alors, sans t’avoir encore goûtée, sans avoir pu te toucher, et avant même de t’avoir vraiment regardée, je te demanderai à demi soûlé : « Si tu me veux, sens-moi ».

 

 

 

© DGC 08 2009

illustration Sorayama

 


Dim 9 aoû 2009 3 commentaires
Mais mon cher Did-doux tu me fais sourire !
comment veux tu que je puisse te sentir !
après avoir lu tes mots qui m'envahissent
et me font avoir tant de soupirs

Je suis comme un bâteau prêt à chavirer
je suis tremblante de la tête aux pieds
tu connais mes sens et mon odorat
avec ce billet tu me mets aux abois !

Dois-je te maudire ou te remercier
d'avoir par cette missive réveillée
une louve qui aime se faire apprivoiser
par un renard dans une belle amitié ;-)
Multi-sourires - le 09/08/2009 à 18h45

Une louve aux abois : au secours !
Anonyme
juste pour dire que j'aime beaucoup Amin Maalouf et ce livre en particulier. Voilà ;o)
Bises de papillon
VéroPapillon - le 17/08/2009 à 22h05

Je ne connais malheureusement pas ce livre.
J'illustre mes articles de citations en fonction du thème.
Tu m'as donné envie de le lire, alors merci de ta visite , chère Véro...
Anonyme
Désolé pour ce message un peu hors-sujet, mais je tenais à te signaler qu'il devient vraiment pénible, hélas, de venir te lire sur erog. Fenêtres « adultes » qui s'ouvrent, publicités envahissantes...
La migration s'impose !
Comme une image - le 25/08/2009 à 13h55

En effet, ces pubs me font honte.
Alors migrer pourquoi pas, cher CUI, mais vers où ?
Anonyme