Au Paradis des Muses
On n'a jamais vu un aveugle dans un camp de nudistes.
(Woody Allen)
L’ordre aurait voulu, sans doute, que nous nous soyons regardés avant qu’il ne nous ait été possible de nous toucher ou de nous respirer. Nous ferons peu de cas de l’ordre. J’aurai goûté tes sucs avant d’avoir pu contempler tes formes. Et ce sera après les troubles, les spasmes et les orages que mes yeux se promèneront sur tes courbes et tes volumes.
De près et de loin mon regard s’éblouira du rayonnement de ton visage, bien après que mes mains ou ma bouche aient voulu rencontrer chaque parcelle offerte de ta chair. A la faveur de ma géographie tactile je découvrirai émerveillé à la lueur d’un chandelier les pleins et les déliés, les ombres et les couleurs de tes surfaces veloutées. Au hasard d’un bras replié j’entreverrai enfin la soyeuse blancheur de tes seins. Mon œil se régalera de la perfection de ton cou, de la douceur de ta joue, de la rondeur de ton épaule.
En penchant ma tête un peu, je me délecterai du carmin clair de tes lèvres, et lorsque tu te retourneras à nouveau pour apaiser ton cœur, tu sentiras sur les dunes de tes reins mon regard se poser comme un souffle, un baiser.
Tu aimeras te renverser pour me laisser vagabonder joyeusement sur le galbe envoûtant de ton cul. Nonchalamment je fixerai les douceurs satinées de ton ventre, de tes cuisses, m’interdisant de les toucher aussi longtemps qu’il est possible pour mieux encore m’hypnotiser et m’étourdir.
Enfin comme un ultime baiser, à la rencontre de ton âme, faisant fi de toute pudeur, j’oserai plonger dans ton regard. A tant vouloir nous rencontrer, surpris par trop d’intensité, nous nous serons entremêlés. En cet instant là renaîtra notre trouble originel, et nous choirons encore, ensorcelés par les audaces réciproques que nos désirs nous offriront.
© DGC 08 2009
illustration Zimmerman « Vanity »
Tu dis cela très bien quand même, ma Grenouille adorable.
Sélène, je vois que nous nous comprenons sur l'essentiel !