Au Paradis des Muses

 

Il n'y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur :

il n'y a qu'une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle.

(Auguste Rodin)

 

 

 

Mettre en mots, créer, dire, inventer, creuser en-dedans de soi. S’y reprendre cent fois, se décourager et recommencer. Pour enfin exprimer les images entrevues, les chimères perdues les mirages fuyants, les souvenirs suspendus et les moments déchus.

 

Sentiments fugaces : essayer une phrase et tirer sur le fil. Tenter quelques rimes, répéter, formuler autrement, inverser pour faire sonner, espérer une étincelle, ajouter une couleur, ne pas trop dénaturer.

 

Repousser la peur, exproprier mes fantômes. Quand l’idée est placée, modeler sa forme, découvrir un autre rythme, forcer un souffle et puis éliminer. Rayer, gommer, filtrer froisser, jeter. Epurer, polir, simplifier. Revenir à l’essentiel. Supr., Control X, Back space, Home.

 

Tout relire, pour tout redire autrement. Différemment. Ne jamais faire semblant. Me demander si elle pourrait lire ça. Me demander qui comprendra ça. Ne jamais craindre ce que l’on est, oser aller tout au bout sans rien renier. S’exposer pour jouir, pour grandir. Se mettre en danger comme pour séduire. Briller ou se brûler, s’affranchir des formes, user toutes ses libertés, transgresser. Et pour finir, relire les classiques.

 

Reprendre à zéro, tenter la distance, revenir à froid… plus tard, un autre jour ou dans un autre état d’esprit. Rouvrir mes tiroirs, feuilleter mes cahiers et les méditer, les maudire. Les donner parfois, pourquoi pas.

 

Relever le défi, s’entraîner encore, montrer une esquisse à une complice, rechercher la critique comme une maladie chronique. L’émotion est-elle bien là ? Retrouver la première version, la première impulsion. Le premier jet, le premier geste, le plus pur ou le plus maladroit. Peut être le plus juste. Sentir la vague, l’onde, la pulsation originelle, le mouvement parfait, sans réfléchir et sans mentir. Oublier tout ce que j’ai appris.

 

Chercher encore, croire encore qu’un jour je trouverai la formule définitive, la synthèse finale. Le texte après lequel je n’aurais plus rien d’autre à dire. L’ultime paragraphe, l’épitaphe. Rechercher le silence. Pouvoir de taire. Juste regarder en l’air.

 

 

 

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© DGC 04 2010

Illustration : Narcisse (Caravage)

Mar 13 avr 2010 5 commentaires

Que jeconnais bien cet état dans l'écriture de faire et annuler
composer, se relire, chercher le bon mot pour bien rimer
Relire encore et ne plus être en osmose avec ce que l'on voulait dire
s'énerver, recommencer, avoir peur de la page blanche et se maudire

Et puis enfin on pense avoir atteint la perfection
on poste son billet avec une certaine excitation
et quand le lendemain on vient par égo le relire
on se surprend à ne pas se reconnaître dans ses dires

Sensation que l'on a trop dévoilé sur soit même
Se dire que de toute façon il y a que ceux qui nous aime
qui liront entre les lignes ce qu'on a voulu laisser
et se surprendre encore une fois de l'impact qu'il a provoqué

Au bout du compte comprendre que c'est un bel outil
L'écriture permet d'exorciser et/ou partager sa vie
On se félicite sur ce dernier billet composé
quand soudain un autre, dans sa tête, pointe son nez

Multi-sourires - le 21/04/2010 à 07h12


Tes abysses, tes périples...

Partageons-les chère Multi, même si parfois le temps nous manque,

reçois ce soir mes baisers

Anonyme

quelques mots.... j'adore le texte, les impressions et la musique...
Hmmm, comme un vent de liberté, de force et de vie ! 

laure - le 25/04/2010 à 16h41

 

Merci Chère Laure... ton compliment me touche.

Je me suis relu grâce à toi. Finalement je l'aime bien aussi ce texte.

Il pourrait sans doute résumer tout le reste. 

 

Anonyme

Tu es mon Homme qui écrit. Le premier jet, le second et tous ceux qui suivent, je les prends ! 

 

Mystérieuse Laure, mais qui êtes-vous? certainement une grande passionnée pour venir ici et porter le même (vrai) prénom que moi. J'aime bien quand les Laure se dévoilent ;-)

Linlith - le 29/04/2010 à 07h43

Laure, tu sais comme je te rejoinds...

L'homme qui écrit est en position de sur-vie.

Vivants, nous ne pouvons l'être sans lettres.

Symboliser nos bonheurs comme nos tourments est une condition de nos respirations.

Agir sans se souvenir serait pure vanité.

Partager, encore et toujours, les moments et les mots d'amour.


(The Clash : Awoh Ooo !!)

Anonyme

ah j'oubliais, merci pour le London Calling des Clash. Ca c'est du rock combat !

Linlith - le 29/04/2010 à 07h46

ton textye me fait penser à une chanson,

le miroir et moi de Prohom... écoute-le bien ...

Se chercher oui, mais une fois que l'on se trouve ... c'est une autre histoire !

Biz à toi et à Multi-sourires

MissQ - le 03/05/2010 à 12h16

 

Se trouver, peut être, MissQ !

En tout cas, ravi de te retrouver par ici. Quel retour... après si longtemps.

Bisous fruités


Anonyme