Au Paradis des Muses

    Savoir partager son temps, c'est savoir jouir de la vie. (Baltasar Gracian Y Morales)         Il est des moments compromettants. Il est des gestes qui nous impliquent et nous engagent. J’ai longtemps cru que la rencontre charnelle d’un homme et d’une femme définissait l’apogée de la compromission. Je me trompais.   Entrer sensuellement au contact de la peau, de l’odeur, du sexe de l’autre, faire l’amour et coucher avec une personne est quelque chose d’excessivement compromettant seulement dans la mesure où les deux partenaires s’harmonisent, s’écoutent dans leurs désirs, partagent véritablement les moments qu’ils se donnent, sans autre but que le plaisir donné.   Si la notion d’infidélité pouvait avoir un sens pour moi, ce serait sans doute celle ci : cette communion des sens et des âmes d’où surgissent les plus belles émotions. S’ouvrir corps et âme à l’autre, se donner sans limites, sans calculs, être entièrement présent à l’autre, baisser les armes sans craindre de décevoir ou d’être jugé, accepter d’appartenir à l’autre, ne serait-ce que pour quelques heures. Voilà qui me parait compromettant.   Déshabillage   Parfois pourtant, il n’est nul besoin de déshabillages ou d’effleurements pour être totalement compromis. Il est de simples et profonds baisers qui disent plus long qu’une nuit d’amour, que la plus fougueuse des étreintes. Il est des regards si sincères qu’ils nous impliquent jusqu’aux tréfonds de notre moelle, des sourires attendris qui vous compromettent jusqu’à la fin de vos jours, des gestes si vrais et si beaux qu’ils vous engagent plus qu’un mariage. Des âmes si élégantes qu’elles entrent en vous par effraction pour ne pas vous déranger.   Si l’infidélité avait eu un sens dans ma morale, elle aurait pu appréhender les actes que nous vivions dans ces instants volés et provoquer en moi des sensations de culpabilité, de remords, voire de déséquilibre.   Il n’en a rien été, bien au contraire. Cette fusion, cette amitié sensuelle, cet amour amical qui n’espère rien d’autre que le plaisir partagé et la beauté de l’instant a comblé nos esprits et nos corps du plus pur et du plus savoureux des souvenirs. Nous nous sommes dits au revoir, riches de cette certitude infiniment réconfortante qu’il était possible, entre deux êtres sur cette terre, d’être entièrement ensemble et de partager. Sans souffrir, sans promesses inutiles, sans mensonges et sans projets, sans nécessairement parler d’amour.   Juste s’ouvrir et se donner. Etre ensemble. Se compromettre.         © DGC 07 2007 Illustration : F Perez  
Mar 24 jui 2007 2 commentaires

Merci.


Tes mots sont en moi - ils m'accompagneront comme un noeud que l'on fait à son mouchoir pour pense qu'on est aimée - sincèrement.


A toi, le seul et rappelle toi "jamais homme n'avait su ..." et depuis jamais homme n'a su ...


 

Flore - le 24/07/2007 à 18h10

Nul besoin de noeud à ton mouchoir. Seulement quelques noeuds dans tes cheveux et deux jolies baguettes de bois pour dresser un chignon et me montrer ta nuque.

Je n'oublie rien...

Anonyme
j'adore ton texte, je ne sais pas qui ELLE est, mais ELLE est toutes tes muses reunies.

Chapeau bas Monsieur
Perséphone - le 25/07/2007 à 00h20

Merci Perséphone.Tu sais combien tes remarques me touchent tant quand elles s'adressent au faiseur de mots qu'à l'homme. Mais peut-être que cette fois-ci les deux ne font plus qu'un à travers ce texte, puisqu' "ELLE" est une muse majuscule, de celles qui vous réveillent et vous révèlent...

Anonyme