« Pour comprendre qu'être jaloux charnellement est une idiotie, il faut avoir été un libertin. »
Lorsque j'ai connu Camélia nous avions en commun la désinvolture de la jeunesse et le détachement des bons ami qui considéraient que le sexe entre eux ne devait pas être une affaire trop sérieuse.
Nos premières rencontres charnelles avaient été techniquement assez médiocres. Nous manquions dramatiquement d'expérience et de patience pour profiter de toutes les possibilités que nos jeunes corps fougueux nous auraient permis. Malgré cela notre désir l'un pour l'autre a duré plusieurs années et nous progressions dans nos découvertes en nous retrouvant sporadiquement en dehors des autres liaisons plus sérieuses (c'est-à-dire amoureuses) que nous vivions chacun de notre côté.
Nous avons fait nos études dans la même ville. Souvent, elle m'appelait et me proposait de venir partager un repas chez elle ou une séance de cinéma le plus amicalement du monde, sachant que n'ayant pas de véhicule pour rentrer chez moi en soirée, je devrais probablement dormir chez elle, c'est-à-dire dans son lit parce qu'elle n'avait pas de chambre d'amis.
Et que, bien entendu, sous sa couette, nous serons nus parce que nous n'avions pas pour habitude d'utiliser des pyjamas parce que c'était un truc pas sexy, et que le contact de nos peaux nous exciterait probablement trop pour que nous nous empêchions de faire l'amour, et parce qu'après tout, il n'y avait rien de meilleur à faire avant de dormir.
J'ai aimé Camélia autant que la relation qui nous unissait. J'ai aimé cette relation parce qu'elle était libre. Pour cette raison, c'est encore un de mes plus beaux souvenirs. Nous n'avons jamais ressenti d'obligation l'un envers l'autre ni la moindre forme de possessivité ou de jalousie. Nous connaissions notre désir l'un pour l'autre et nous le consumions joyeusement quand nous en avions l'occasion. Nous nous donnions l'un à l'autre avec simplicité dans le seul projet de vivre un moment de plaisir parfaitement partagé entre amants infidèles. Avec légèreté, nous pratiquions le libertinage sans le savoir.
© DGC 12 2007
Illustration : Von Götha
Comment taire...