Accéder à nos vérités.
Puisque nous sommes pétris de paradoxes, de joies et de tourments et que nous vivons de souvenirs qui nous retiennent et de projets qui nous attirent, je partagerai ici les sujets qui me tiennent à cœur en choisissant de les effleurer délicatement.
Je crois à la poésie plus qu’à d’autres formes l’expression pour toucher nos vérités. Elle offre un accès plus libre, plus immédiat, plus riche, plus sensuel et pour tout dire plus vivant à notre réalité.
Illustration : Comerre « la belle liseuse »
« L’immortalité est inutile : avoir vécu suffit. »
Raymond Ruyer
Les sabliers, les aiguillages
Assis sur un banc avec une demi-heure à perdre… ou à gagner.
Ils venaient de se retrouver et il était encore trop tôt pour disposer de la chambre d’hôtel qu’ils avaient réservée. Alors ils s’étaient réfugiés dans le petit parc public qui se trouvait à l’angle de la rue. Il y avait quelques allées et des jeux pour les enfants. Ils se sentaient fébriles. C’était la première fois qu’ils se revoyaient. Ils allaient enfin pouvoir faire l’amour. Ils avaient défié les lois de la logique, les probabilités, les sabliers et les aiguillages pour être fidèles à leurs désirs convergents.
Elle était visiblement intimidée par cette situation insolite et audacieuse. Elle réalisait combien elle était en train de commettre la plus délicieuse des folies. Elle se répétait que tout ça n’aurait jamais du avoir lieu dans sa « petite vie tranquille » comme elle disait. Et puis il y avait eu leurs regards, leurs mots arrachés aux circonstances, leurs premiers instants volés, cette connivence vertigineuse et ces quelques baisers inoubliables.
Les enfants qui jouaient
Alors maintenant qu’elle l’avait retrouvé, qu’il lui tenait la main, elle n’osait pas y croire. Elle se blottissait contre lui mais elle n’osait pas l’embrasser en public, à l’extérieur. Lui, il en mourait d’envie aussi, mais il savait attendre… Et puis il y avait les enfants qui jouaient, juste là sur le petit toboggan. Sa pudeur voulait qu’on ne s’embrasse pas devant des petits. Lui, il se disait qu’elle serait si absorbée par leur baiser qu’elle en perdrait la tête et qu’elle risquait d’être vraiment impudique s’ils s’embrassaient dans ce petit parc.
Il faisait doux et le soleil les réchauffait très agréablement. Ils se parlaient avec beaucoup de plaisir et de tendresse. Il lui montra quelques photos parce qu’elle voulait tout savoir de lui, de sa vie, de sa famille… Il ne cessait de la regarder, il voulait percevoir tout ce qu’il n’avait pas retenu la première fois. Il détailla ses mains, ses poignets, ses yeux, sa bouche. Elle était encore plus belle que dans son souvenir. Alors il voulait tout connaitre, tout retenir de sa beauté, s’emparer d’elle par tous les détails qu’il n’avait par encore perçus.
Son audace et sa timidité
Il lui caressait les mains et le cou, se penchait pour sentir son parfum. Son odeur qui lui avait tant manquée. Tout en elle lui plaisait. Il adorait sa façon de parler et de se taire, son audace et sa timidité, son élégance physique et ses postures de danseuse. Elle lui paraissait infiniment gracieuse et désirable. Sa beauté le transperçait littéralement.
Ce jour là sans l’avoir prévu ils s’étaient habillés presque à l’identique. Même sorte de jeans, même style de chaussures et ils portaient tous les deux des chemises blanches. (Un peu plus tard ils s’apercevraient qu’ils avaient aussi des sous-vêtements noirs très ressemblants…). Ils se sentaient si bien ensembles ! Probablement que cela devait se voir. Ils devaient être magnifiques et il aurait voulu prendre des photos de ce moment exceptionnel. Mais elle préférait qu’ils gardent leurs images dans leurs têtes…
Un homme s’était assis sur un des bancs qui se trouvait presque en face d’eux. Ils n’avaient pas prêté attention à son arrivée. Peut-être accompagnait-il un des bambins qui sautillaient sur les chevaux à ressort. Peut-être était-il le mari de la dame qui se trouvait à côté de lui. Ils n’auraient pas su le dire. Il semblait vivement s’intéresser à eux, à ce couple fou de désir, souriant et impatient qui devisait tendrement en se retenant de ne pas se sauter l’un sur l’autre. Il les regardait avec insistance, comme hypnotisé par la lumière qui rayonnait ou par les harmonies qui résonnaient autour d’eux.
Pour s’enflammer un après midi entier
Il réalisa un peu plus tard qu’ils auraient pu aller le voir pour lui parler. Il aurait aimé lui dire que, oui, ils se sentaient très heureux et terriblement désirables ce matin là. Il aurait aimé lui dire qu’il était très fier que cette femme magnifique qui n’était pas la sienne s’était levée tôt pour venir de loin le rejoindre ; qu’ils se retrouvaient seulement pour que leurs cœurs et que leurs corps et leurs esprits s’enflamment un après-midi entier et pour rien d’autre. Il aurait aimé lui dire que l’amour existe et que ça ne fait de mal à personne. Que les amoureux des bancs publics ne sont pas une légende, que le désir est plus fort que tout. Qu’ils se sentaient infiniment vivants et que tout ça était meilleur que tout ce qu’ils connaissaient.
Il aurait aimé lui dire que derrière la banalité de la scène qu’il observait avec envie, il y avait deux vies qui s’entrechoquaient et prenaient le risque inconsidéré de se bruler au feu de la passion ; que sans ces moments là, la vie ne vaut pas grand-chose à leurs yeux et n’est rien d’autre qu’une succession de jours gris ; que rien n’égale la beauté d’une rencontre sensuelle, quels que soient les défis à relever pour qu’elle ait lieu. Mais probablement que l’homme en face comprenait déjà tout ça.
Un clocher retentit. Il était l’heure de quitter le petit parc. Ils se levèrent et se dirigèrent vers l’accueil de l’hôtel en se tenant la main.
© DGC 05 2008
L'Art d'aimer Ovide ; Dernières nouvelles des étoiles Serge Gainsbourg ; Théorie du corps amoureux ; La Sculpture de soi ; Les Libertins Baroques ; La Puissance
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Georges Bataille ; Aphrodite, Pybrac Pierre Louys ; Fragments d’un discours amoureux Roland Barthes ; Le condamné à mort Jean Genet ;
Ames sœurs
On parle volontiers d’âmes sœurs lorsque deux personnes éprouvent le sentiment d’être félins pour l’autre. La recherche amoureuse est bien souvent énoncée comme la recherche de l’âme sœur pour désigner l’entente idéale. Tout comme il y a des fratries plus ou moins nombreuses on peut avoir plusieurs âmes sœurs, successivement ou simultanément.
Baisouille
Action de bisouiller en vue de baiser un(e) partenaire timide. "Charles baisouillait fréquemment ses copines de classe lors des séances de cinéma du mercredi." (Omar de Monbrac, Chroniques des salles obscures).
Cunibranlage
Pratique sexuelle à deux partenaires, ou plus, visant à synchroniser les mouvements des langues dans les con et les rythmes des mains sur les queues, dans le but de provoquer un orgasme généralisé.
Desirium
Contraction latine de délirium et desirus. Terme utilisé en médecine lors du traitement des affections nerveuses des individus rendus fébriles dans l’attende d’un rendez-vous galant. Octavia fut atteinte de desirium en reposant la lettre de son amant Marcus. Submergée par son désir, son cœur palpitait et elle fut prise de brèves convulsions.
Exhinibition
Selon la définition d’Albert de Monchibre, (Mon vit, mon œuvre) l’exhinibition est l’art de demander à sa bien aimée de montrer son entrecuisses là où c’est interdit : dans les cimetières, au passage clouté, devant le Ministère de l’intérieur… afin qu’elle prenne plaisir à franchir les interdits en toutes occasions.
Foutrager
Manière peu élégante d’honorer outrageusement sa concubine en éclaboussant ce qui n’a pas besoin de l’être (son livre de chevet, sa trousse à maquillage, ses plantes vertes…)
Gorger
Le terme gorger a été mis à jour lors de la découverte d’un ouvrage antique sauvé des ruines de Pompéi. Le manuscrit richement illustré était un livre de recettes amoureuses destiné aux pensionnaires des lupanars. Il désignait tout autant le geste consistant à faire glisser un membre masculin profondément dans sa gorge que l’augmentation en volume dudit membre sous l’effet de la caresse prodiguée.
Hammasexualité
Pratique sexuelle consistant à se rendre dans un hammam et à profiter de la vapeur pour enfiler un doigt incognito dans sa voisine ou dans son voisin, selon.
Intelligence intuitionnelle
Contrairement à l’intelligence dite logique ou rationnelle, l’intelligence intuitionnelle permet à ceux qui en disposent de comprendre rapidement leurs semblables. Par exemple, l’II permet de rentrer dans l’esprit du sexe opposé sans même avoir à y penser, ce qui permet un gain de temps appréciable lors d’une discussion.
Jusqu’au bitistes (les)
Mouvement social de la fin du XXème siècle défendant une pratique du coït consistant à bourrer jusqu’au bout, c'est-à-dire jusqu’à l’épuisement complet des partenaires. Son leader Jules Turgessant est mort d’une embolie cérébrale au cours d’une banale course à pied au bois de Boulogne.
Klito sutra
Ouvrage antique de référence sur l’art d’astiquer le clitoris. Le lecteur y trouve 671 façons de faire durcir et dresser le précieux organe féminin à l’aide d’un doigt, d’un genou, d’un pénis, d’une langue et de divers légumes de saison.
Lassivitude
Phénomène bien connu de tous les sportifs lorsqu’après une séance d’activité physique longue ou intense, au lieu de se sentir épuisé, le désir sexuel paradoxal particulièrement fort se manifeste. Il faut alors rapidement sortir de la douche et rappeler son (sa) partenaire de jogging ou d’escalade.
Manuel
Sous peine de se voir rabroué, le gentleman prévoyant consultera son Manuel de savoir vivre et de savoir foutre avant de s’approcher d’une gente demoiselle disposée à lui accorder ses faveurs.
Notre Pervers (le)
Prière des muses bien connue en pays Gaulois.
« Notre pervers qui êtes vicieux...
Que mon con soit salivé
Que les verges viennent
Que ma volonté soit fête
Sous la table comme aux pieux
Donne-nous chaque jour notre coït quotidien
Encourage nos turlutes
Car turlutons tous ceux qui nous ont enconnés
Ne nous soumets pas à l’abstinence
Et délivre-nous des mâles. »
Obsédoux
Penchant psychologique fréquent chez lez vieux veufs ayant encore la branche verte.
Priapisse
Discipline antique consistant à uriner en ayant le phallus en érection. Au XXème siècle de notre ère, la science a découvert que les champions de cet exploit possédaient une anomalie génétique et n’avaient donc aucun mérite.
Queue de cochon (la)
Lieu de débauche et de gourmandise bien connu des amateurs de bonne chair. Synonyme de bistroquet à foutre et de bar à pétasse (ne pas confondre avec le bar à touffes et le bar à gouines).
Roujouir
Certaines femmes rougissent dès qu’elles songent à jouir. D’autres rougissent quand elles ont joui. On dit que les rousses ont tendance à roujouir un peu plus vite que les brunes et ce n’est pas toujours faux. « Le devoir d’un homme galant est de savoir faire jouir et de faire roujouir sa partenaire. » (Casanova).
Sexercice
On parle de sexercice lorsqu’un initiateur donne un exercice érotique à son élève. Il est généralement destiné à lui permettre de découvrir une facette nouvelle de sa sensualité. Les muses du paradis connaissent ce terme depuis bien longtemps.
Tripoturer
Lorsque Jacques tripoturait Georgette de ses gros doigts rugueux de bucheron quinquagénaire, il avait tendance à la faire crier, mais pas seulement de plaisir.
Ustensensible
On trouve dans les tiroirs et les placards des cuisines toutes sortes d’objets pouvant servir d’ustensensibles lorsque monsieur est parti jouer à la pétanque et que madame a des idées.
Vulvérable
On dit de la femme qu’elle est vulverable lorsqu’au milieu de son cycle, elle ressent un impérieux besoin de se faire vulverer dans le but de se reproduire.
Watergons
Contraction grossièrement codée de l’expression : « Rejoins-moi dans les waters du wagon ». Ces lieux sont bien connus pour être les seuls lieux intimes des Trains à grande vitesse. Je conseillerai tout particulièrement ceux qui se trouvent à l’avant des voitures de la première classe du Paris-Marseille, réservés aux handicapés. Penser à vérifier qu’aucun paraplégique ne se trouve dans la rame (Si tu niques dans mon water, tu niques mon handicap).
X’citation
Citation trouvée dans un film X. Marc dit soudain à Carla : « Crache ton chewing-gum et mordouille-moi la hampe, je crois qu’elle commence à ramollir un peu. »
Yop
Substance blanchâtre bien connue des adolescents.
Zouave
Corporation de joyeux foutriquets aptes à la zoie en toute circonstance. Syn. : Zubial ; Zêbre ; Zigoto.
Pas un mot, pas un mot d'elle.
Juste une trace, la trace du passage de ses ailes.
Pas de ses pas sages sur mes images volages.
Non, juste un souffle d'elle.
Vole mon amie Morgane !
Je me souviens d'un instant magique
où deux souris furent les témoins
de deux personnes se touchant les mains
Ont-elles gardé le secret
de cette belle complicité ?
j'aurai envie de dire oui
car c'est toujours dans mon esprit
Les bancs publics sont une géographie particulière
ils conservent l'odeur et la chaleur des corps passés,
se souviennent des confidences, des caresses et des baisers
Les bancs des villes, les bancs des parcs, des places et des ruelles
sont comme les livres ouverts des rencontres, ce sont des sentinelles,
les gardiens de nos histoires fatales ou dérisoires
Baisers à toi ma Louve
est quêteur du magnétique instant,
ou chasseur du parfait moment...
Comment fixer notre mémoire
de quelques mots hasard
ou de nos phrases miroir ?
Des préludes intenses comme des moments troubles,
le désir à son apogée s'exprime dans les volutes des prémices
parce que les parades à Paris nous rapprochent du Paradis.