Etat d'esprit
L’art n’est pas chaste, on devrait l’interdire aux ignorants innocents, ne jamais mettre en contact avec lui ceux qui y sont insuffisamment préparés. Oui, l’art est dangereux. Ou s’il est chaste, ce n’est pas de l’art. (Pablo Picasso)
Accéder à nos vérités.
Puisque nous sommes pétris de paradoxes, de joies et de tourments et que nous vivons de souvenirs qui nous retiennent et de projets qui nous attirent, je partagerai ici les sujets qui me tiennent à cœur en choisissant de les effleurer délicatement.
Je crois à la poésie plus qu’à d’autres formes l’expression pour toucher nos vérités. Elle offre un accès plus libre, plus immédiat, plus riche, plus sensuel et pour tout dire plus vivant à notre réalité.
Illustration : Comerre « la belle liseuse »
L’art n’est pas chaste, on devrait l’interdire aux ignorants innocents, ne jamais mettre en contact avec lui ceux qui y sont insuffisamment préparés. Oui, l’art est dangereux. Ou s’il est chaste, ce n’est pas de l’art. (Pablo Picasso)
« Le vrai génie sans cœur est un non-sens.
Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni toutes deux ensemble ne font le génie.
Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l'âme du génie. »
(Wolfgang Amadeus Mozart)
Petite chieuse, petite danseuse, ça ne fait pas cinq minutes que je suis avec toi
et je sens déjà que pour toi je vais faire des folies.
Petite cocotte, petite salope, tu te donnes à moi comme ça,
tu es le genre de nana qui va me rendre dingue.
Tu vas me couter cher, tu vas me perturber, tu vas me bouffer du temps.
Tu vas tout foutre en l’air et je sais déjà que je vais adorer ça.
Petite conne, petite cochonne, j’ai envie de toi et tu fais tout pour m’exciter.
J’ai tout ce qu’il faut pour te combler.
Je sens que je vais traverser en dehors des clous, que tu vas me rendre fou.
Petite insolente, tu joues à l’innocente, tes yeux qui brillent
et tes gris-gris qui scintillent, tes tenues presque sages et tes dentelles affriolantes.
La nuit promet d’être violente.
Il aurait mieux fallu que je rentre, mais tu me plais, mais tu me tentes.
Nos voies se croisent, nos corps s’embrasent, nos voix se taisent,
© DGC 11 2007
illustration : Jude Law et Norah Jones dans le Film de Wong Kar Wai "My blueberry nights"
« C'est formidable le cinéma. On voit des filles avec des robes.
« J'ai servi la beauté. Y a-t-il au monde chose plus grande ? » (Sappho)
J’ai récemment vu les œuvres de Titouan Lamazou au Musée de l’Homme à Paris.
Moment magnifique partagé en très bonne compagnie, comme il se doi(g)t. Très agréable de déambuler au milieu de toutes ces muses sublimes… Plaisir d’autant plus intense que les visiteurs sont très majoritairement des visiteuses (avis aux a-mateurs !).
L’expo Zoé Zoé présente un tour du monde à travers de très nombreux portraits peints, dessinés, croqués, photographiés de femmes de toutes conditions.
Le travail de Titouan Lamazou est exceptionnel par son volume et sa qualité. L’adepte de belles images trouvera à son gré des correspondances avec des auteurs de bande dessinée, de la peinture et des documents d’ethnographie. Je voulais chaudement vous encourager à aller voir cette exposition. Vous apprécierez les talents multiples de cet artiste qui sait magnifiquement regarder les femmes (et le monde). Plus que l’artiste, je voulais saluer l’homme pour le geste qu’il nous propose. Il a mis sa vie, ses moyens et sa passion au service des femmes au cours de ce voyage de six années sur le cinq continents.
Si j’admire le navigateur et l’aventurier, j’apprécie encore plus celui qui se fait le héraut des multiples causes qui concernent la condition féminine, sans pour autant prétendre faire de l’humanitaire. Expo intelligente et utile aussi, donc. L’Unesco a apporté son soutien à Titouan Lamazou pour l’expositon Zoé Zoé. Une série de reportages est consacré à ce travail sur France 5 actuellement (du 15 octobre au 21 décembre)
Les curieux trouveront un petit aperçu des œuvres et de la mise en espace sur mon Album Ici. Ne le répétez pas trop fort : les photos étaient interdites, (même avec un téléphone équipé d’un appareil numérique à 2 Mo très discret)… mais c’est pour la bonne cause !
« Les hommes, on ne devrait les rencontrer qu’à certaines heures pâles de la nuit.
Avec des problèmes d’hommes, des problèmes de mélancolie. » (Léo Ferré)
C’est ce soir là, peut-être, que ça m’est apparu plus clair que jamais. Il semblait pourtant que nous étions en parfaite harmonie. Et puis c’est arrivé. Une évidence aveuglante.
J’ai écrit il y a longtemps que nous étions seuls, définitivement seuls et que l’instant de la rencontre, de l’amitié véritable était une sorte de miracle entre deux êtres. Ce soir là, notre discussion portait justement un peu là-dessus. Mon absence, nos solitudes, et puis nos retrouvailles. Quand elle pensait à moi, à ce que je faisais dans mon travail, à mes voyages, à nos coups de téléphone, à tous ces gens que je rencontrais.
« Rien de passionnant, lui disais-je, ce que l’on fait est sans grande importance. »
Parce qu’on fait le job, on tient le rôle, on donne le change. Oui, on aime bien voir certaines personnes quand on les apprécie, c’est vrai. Alors on échange un peu, on entretient quelques relations. Mais tout ça n’est rien.
« Je peux bien te raconter tout ce que je fais, tous ceux que je vois dans mon travail, les endroits où je vais, ce n’est ni ce que je ressens, ni ce que je vis, ni ce que je suis. C’est juste la surface, l’apparence, l’écume de ma vie. Je pourrais te dire que parfois je m’ennuie, que certaines choses me révoltent et que je retiens souvent ma colère, ou qu’il m’arrive d’être enthousiaste, ou bien que j’éprouve de la gratitude envers ceux qui m’apprécient. »
S’entrouvrir
Quelquefois il nous arrive de partager comme par miracle un peu de ce que nous sommes. La carapace alors s’entrouvre. C’est ce moment très rare que j’appelle Rencontre, quand deux êtres entrent vraiment en contact, en échange.
« Nous, par exemple, nous nous connaissons, nous croyons nous connaitre. Tu me dis que tu connais mon caractère, mes goûts et tout ça. On vit ensemble depuis vingt ans. Et tu penses me connaitre, tout comme tu crois que tu m’as permis de te connaitre. »
A mon avis il n’en est rien. Nous nous sommes rencontrés il y a longtemps, et jadis nous nous connaissions. Puis nous avons évolué, grandi, changé. Nous ne sommes plus les mêmes qu’au début. Nous nous sommes perdus de vue. Maintenant, on garde l’essentiel pour soi. C’est très rare qu’on se dévoile l’un à l’autre. De proche en proche, au début un peu par omission, ou par paresse. Puis par habitude ou par peur de déranger. Enfin par crainte de blesser, et finalement par choix.
Pourquoi ? Parce qu’un jour tu m’as jugé. Un jour j’ai voulu me dévoiler à toi à nouveau. Ce jour où j’ai voulu te montrer qui j’étais devenu. Je t’ai proposé de lire ces lignes où j’exprimais, sans faux semblants certains aspects de ma personne, de ma sensualité. Tu as jugé et tu as rejeté. Aujourd’hui je ne peux plus rien te montrer.
Pourtant je sais, depuis longtemps déjà, qu’ici bas il n’y a pas grand-chose d’autre qui valle. Nous sommes là pour aimer, pour nous exprimer, pour exprimer ce que nous aimons. Le plus justement possible, et chacun avec sa manière.
Parce que ce n’est pas ce qu’on possède ou ce que l’on fait qui dit notre vérité, notre valeur et notre unicité. C’est ce que nous exprimons de notre être. Et c’est le seul moyen que je connaisse pour essayer de nous réconcilier avec cette existence.
Je suis de ceux qui croient à cela.
D’autres inventent leur danse
L’être humain a cette capacité vertigineuse et sublime d’exprimer ce qu’il est à travers ses œuvres, ses créations, ses travaux. J’aime passionnément jouer avec ce feu. Je m’y essaie en écrivant, en cherchant l’émotion juste, l’instant parfait, le geste équilibré, l’harmonie… comme d’autres peignent, jouent du violon, ou inventent leur danse.
Voilà ce qui peut rester de nous, voilà ce qui nous définit, voilà ce qui me semble intéressant de partager et d’échanger.
Alors je t’ai refermé ma porte, mon amour. J’ai eu l’imprudence, l’audace, l’insolence, l’inconscience de croire que tu comprendrais cela. Ce jour où j’ai cru que tu pourrais m’accepter comme j’étais, sans conditions, sans limites, sans questions. Sans réponses.
Ce soir là en apparence, nous étions en parfaite harmonie. Ce jour là, j’ai compris que nous étions devenus deux étrangers.
« L'érotisme fait peur parce qu'il excelle dans l'excès, s'épanouit dans la surabondance et l'illimité.
Il élève l'instinct au rang d'un art d'aimer, et donc de vivre. » (Sophie Chauveau)
Les mots ont leur importance. Ils portent nos images et orientent nos comportements. Ils révèlent aussi nos valeurs et nos choix (j’évite volontairement le mot morale).
Il m’arrivait d’être embarrassé lorsqu’on me demandait qui était cette amie avec laquelle j’avais des relations sensuelles et illégitimes. Par jeu, j’ai répondu un jour qu’il s’agissait d’une muse. J’ai conservé ce mot pour son allure poétique et mythologique. Mais pas seulement. Mes amies complices de jeu éveillent souvent en moi des pulsions sexuelles autant que créatives. C’est à mes yeux un des aspects les plus précieux de la rencontre. Rien n’est plus délicieux que de mélanger les plaisirs de la chair et ceux des lettres, ou plus largement des arts quels qu’ils soient. Bienheureux les fous qui font l’amour avec les mots, bienheureuses les belles dont les grâces inspirent des sonnets et des partitions…
Lorsqu’on me dit qu’il s’agit d’une maîtresse, ma première réaction est de rejeter ce terme. Pour moi cela suppose une relation entretenue, c'est-à-dire plus ou moins régulière et prolongée ainsi qu’une certaine forme d’engagement parallèle à une vie conjugale et socialement légitime. Or je vis avec une femme que j’aime et avec laquelle je suis marié. Même si le mariage ne signifie pas grand-chose pour moi en tant qu’institution, j’ai voulu et j’ai choisi de m’engager auprès de cette femme. Je ne cherche pas à avoir une seconde épouse clandestine. Ce serait pour moi un manque de cohérence dans mon engagement marital et j’aurais alors le sentiment de trahir ma propre parole. Au fond, je crois sans doute qu’on n’a jamais qu’un seul grand amour. Ma femme a du réussir à me le faire croire.
Voilà pourquoi je considère que je n’ai aucune maîtresse.
En revanche le terme d’amante me plait beaucoup parce qu’il résonne en moi différemment. En premier lieu n’oublions pas que deux amants sont « deux personnes qui s’aiment », étymologiquement. Ils s’aiment corps et âme peut être mais rien ne semble indiquer qu’ils s’engagent d’une manière prolongée l’un vis-à-vis de l’autre. Ce mot me semble à la fois plus léger et moins réducteur. Je crois qu’il peut y avoir des amants d’un jour et des amants pour la vie. Ne rêvons nous pas d’un amour idéal entre deux éternels amants ?
Le terme d’amant(s) indique une forme de liberté, cette liberté là précisément que je chéris parce qu’elle sait aimer sans dépendances, sans jalousies, sans possession. Cette liberté si difficile à conquérir et qui nous excite tant parce qu’elle est l’érotisme même. Cette liberté des amants qui définit aussi l’essence du libertinage, cet esprit si précieux parce qu’il est à nos yeux l’une des formes les plus nobles de l’amour et du plaisir. Cette liberté que je n’ai pas trouvée dans mon couple légitime… Cet esprit partagé avec quelques muses-amies-amantes qui ne seront jamais mes maîtresses ni de futures épouses.
Enfin ce terme est beau parce qu’il me parle d’amour, contrairement au mot maîtresse qui peut laisser supposer une dépendance, une addiction, une hiérarchie, voire une forme sournoise de pouvoir. Je reconnais cependant qu’il y a une certaine noblesse dans la notion de respect que sous entend le mot maîtresse. Ce mot semble accorder un statut supérieur à la personne concernée. Cette posture d’esprit me parait légitime tant qu’elle valorise la personne et non le statut. Il reste pourtant difficilement acceptable pour moi. Dans mes rapports humains, je m’efforce de cultiver chaque lien pour qu’il conserve sa nature unique et sa valeur propre. Et je m’interdis de hiérarchiser ou de mettre en concurrence mes amitiés ou mes amours. Tout comme je n’ai jamais classé ou noté, ni même compté, les personnes que j’apprécie. Je les aime de manières différentes mais pas plus ou mieux. Cela n’aurait aucun sens pour moi.
Et vous, mesdames, au masculin, comment désignez vous celui ou ceux qui goûtent aux joies des sens en votre compagnie en dehors de votre doux foyer ? Quelques unes me répondront « mon Maître », je le sais d’avance, mais c’est un cas un peu particulier. Dites-vous « mes amants » « mes chéris » « mes amoureux » « mes 5 à 7 »… ? Utilisez-vous un mot étranger, ou un mot inventé ?
« Chaque voyage est le rêve d'une nouvelle naissance. »
Le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout. (Guy de Maupassant)
J’ai aimé le baiser timide, presque accidentel, j’ai aimé le baiser lent, le baiser où nous nous sommes effleurés.
J’ai aimé le baiser à côté des lèvres, le baiser un peu mordant, le baiser humide, le baiser rapide.
J’ai aimé le baiser-café, avec un léger gout de menthe, le baiser appuyé, le baiser tendre, le baiser prolongé.
J’ai aimé le baiser profond, le baiser avec ma main sur ta joue, le baiser en fermant les yeux, le baiser avec ta main entre mes jambes.
J’ai aimé le baiser en caressant ton oreille, le baiser en ouvrant les yeux, le baiser avec le cou tordu, le baiser où tu as touché mon cul.
J’ai aimé le baiser en regardant les passants dehors, le baiser avec ta main sur ma nuque, le baiser où tu m’as dit encore.
J’ai aimé le baiser avec ma main sous ta jupe, le baiser sur le bord de la bouche, le baiser synchronisé.
J’ai aime le baiser debout, le baiser dans le cou, le baiser un peu fou, le baiser où nous pensions à nous.
J’ai aimé le baiser en croisant nos jambes, le baiser dans l’entrée, le baiser où nos corps voulaient continuer.
J’ai aimé.
Ne va pas croire que toute la nuit
je vais te tringler comme un chien
rien que pour toi je serai chienne !
que je vais te limer comme un dieu
t’enconner profond sans répit
Je ne suis pas un bon coup.
Tu ne devrais pas t’imaginer
que je vais te labourer sans cesser
que mon pieu bandé infaillible
t’enverra direct sur les roses
doucement me blessent tes épines
Je ne suis pas un bon coup.
Ne te figure pas que ma bite
obéira à tous tes ordres
qu’elle va réagir à tes doigts
à tes mots crus ou à ta langue
maintenant laisse-moi te sucer !
Je ne suis pas un bon coup.
Est-ce qu’elle se dressera sous tes yeux
aux moindres de tes effleurements
à tes subtils attouchements ?
je veux tes couilles dans ma main
Ce membre là est capricieux
Je ne suis pas un bon coup.
Cet animal n’en fait souvent
rien qu’à sa tête, c’est affligeant
tu pourras toujours t’y frotter
mais il refuse d’être dompté
et moi je serai ton esclave
Je ne suis pas un bon coup.
Toi qui rêvais d’un increvable
elle se durcit quand il faut pas
à la première femelle qui passe
avec elle je te ferai jouir !
il vaudrait mieux que tu repasses
Je ne suis pas un bon coup.
Je te l’assure, tu seras déçue
des heures durant, boucher un trou
elle a tendance à s’en lasser
jamais je ne me lasserai de toi !
elle s’ennuie ferme et cherche l’issue
Je ne suis pas un bon coup.
Ce qui l’excite serait plutôt
l’instant d’avant dans le métro
ou quand tu dévoiles tes secrets
Ô temps suspend son vol…
et puis aussi celui d’après
Je ne suis pas un bon coup.
Elle apprécie quand tu l’oublies
quand finalement tu rends les armes
ou quand lentement je lèche tes larmes
et que tes yeux me disent oui
Oh oui ! d’avoir trop joui de toi
Je ne suis pas un bon coup.
Lorsqu’elle s’est faite apprivoiser
elle va doucement se faufiler
vers d’autres zones moins convoitées
pour quelquefois se déchaîner
sans prévenir, encule moi
Je ne suis pas un bon coup.
Elle rêve, elle diverge, elle hésite
je l’imagine !
elle sait apprécier les surprises
savoure tes postures exquises
et les caresses primitives
Je ne suis pas un bon coup.
Elle aime les phrases qui trahissent
les entrechats et les culbutes
les langues de chat, les langues de pute
les entrelacs et les turlutes
donne-moi ta bite que je la goute !
Je ne suis pas un bon coup.
Elle ne te laisse pas indifférente
sa forme te tente, son goût te manque
tu aimes l’enfermer dans ta main
et la sentir réagir
ça y est tu bandes !
Mais je ne suis pas un bon coup.
Cette drôle de pine a ses faiblesses
ses heures de gloire et ses fortunes
elle n’aime pas trop les filles pressées
ni les lutines mal éduquées
tu seras mon maître !
Je ne suis pas un bon coup.
Propose-lui plutôt un plan B
ou un scénario frelaté
dans une ruelle mal éclairée
avec une belle tombée du ciel
je suis déçue, je t’abandonne…
Ce sera peut-être un bon coup…
« Si l'amour n'était pas ce mélange insoluble de crime prémédité et
d'infinie délicatesse,
comme il serait aisé de le réduire à une parole !
Mais les souffrances de l'amour dépassent les tragédies de Job...
L'érotisme est une lèpre éthérée... »
(Emil Michel Cioran : Le Crépuscule des Pensées)
Trente minutes à peine, et une fringale tenace. Une cafèt’ sur le quai d’en face. Parfait. Le choix fut bref, l’horloge menaçait. Un tajine de mouton c’était inespéré.
Ma ration de protéines et de glucides pour tenir jusqu’au soir.
A la caisse j’attends mon tour. Equilibre précaire du plateau formica sur les tubes d’acier chromé. La caissière exhibait, cette garce, un exemplaire corné du chef d’œuvre de Miller. Sexus posé entre les serviettes en papier et les cuillères à dessert.
La méditerranéenne feuilletait les turpitudes d’Henry entre deux clients. Vient mon tour. Elle calcule l’adition.
Voulez-vous un jeton pour le café ? me fait-elle.
Je n’aurai pas le temps, mon train part dans vingt minutes. Dites moi plutôt ce que vous pensez de ce bouquin.
Très bien, fait-elle brièvement. C’est un ami qui me l’a prêté.
Je tape le code de ma CB.
Si je puis me permettre, j’aimerais vous en conseiller un à mon tour. Quelque chose de plus accessible et qui vous plaira certainement. Son amie Anaïs Nin était une grande dame, une femme de lettres aussi. Elle ne manquait pas d’imagination en matière de sexe. Venus Erotica, vous connaissez peut-être ?
L’ignare n’en avait jamais entendu parler. En avalant mon tajine et ma tarte aux poires, je tire mon carnet de ma poche. Il serait dommage qu’une amatrice de sensations fortes passe à côté de ce chef d’œuvre. Je lui calligraphie le titre, l’auteure, sans oublier mon prénom et mon numéro de téléphone, on ne sait jamais.
Je lui tends le billet en sortant :
Voici les références dont je vous parlais. Je repasse par là de temps en temps.
L'Art d'aimer Ovide ; Dernières nouvelles des étoiles Serge Gainsbourg ; Théorie du corps amoureux ; La Sculpture de soi ; Les Libertins Baroques ; La Puissance
d'exister Michel Onfray ; Histoire de ma vie Casanova ; Zones humides Charlotte Roche (Anabet) ; Lolita Vladimir Nabokov ; Nexus Henry Miller ; Venus erotica Anaïs Nin ; Eloge des femmes mures Stephen Vizinczey ; La passe Imaginaire Griselidis Réal ; Le sexe et l’effroi Pascal Quignard ; Histoire d'O Pauline Réage ; Les mémoires séraphiques Quitterie Chatenoy ; Le Zubial ; L'Ile des gauchers Alexandre Jardin ; Impuretés Philippe Djian ; Vous toucher Claude Bleton (textes) et Catherine Izzo (photos) (Ed. Le Bec en l'Air) ; La mécanique des femmes Louis Calaferte ; Les particules élémentaires ; Plateforme ; La possibilité d'une île Michel Houellebecque ; Qu'Allah bénisse la France ! Abd al Malik ; L'humanité disparaîtra, bon débarras ! Yves Paccalet ; Crash ! ; Sauvagerie J G Ballard ; Américan Psyco ; Lunar Park Bret Easton Ellis ; Histoire de l'œil
Georges Bataille ; Aphrodite, Pybrac Pierre Louys ; Fragments d’un discours amoureux Roland Barthes ; Le condamné à mort Jean Genet ;
Ames sœurs
On parle volontiers d’âmes sœurs lorsque deux personnes éprouvent le sentiment d’être félins pour l’autre. La recherche amoureuse est bien souvent énoncée comme la recherche de l’âme sœur pour désigner l’entente idéale. Tout comme il y a des fratries plus ou moins nombreuses on peut avoir plusieurs âmes sœurs, successivement ou simultanément.
Baisouille
Action de bisouiller en vue de baiser un(e) partenaire timide. "Charles baisouillait fréquemment ses copines de classe lors des séances de cinéma du mercredi." (Omar de Monbrac, Chroniques des salles obscures).
Cunibranlage
Pratique sexuelle à deux partenaires, ou plus, visant à synchroniser les mouvements des langues dans les con et les rythmes des mains sur les queues, dans le but de provoquer un orgasme généralisé.
Desirium
Contraction latine de délirium et desirus. Terme utilisé en médecine lors du traitement des affections nerveuses des individus rendus fébriles dans l’attende d’un rendez-vous galant. Octavia fut atteinte de desirium en reposant la lettre de son amant Marcus. Submergée par son désir, son cœur palpitait et elle fut prise de brèves convulsions.
Exhinibition
Selon la définition d’Albert de Monchibre, (Mon vit, mon œuvre) l’exhinibition est l’art de demander à sa bien aimée de montrer son entrecuisses là où c’est interdit : dans les cimetières, au passage clouté, devant le Ministère de l’intérieur… afin qu’elle prenne plaisir à franchir les interdits en toutes occasions.
Foutrager
Manière peu élégante d’honorer outrageusement sa concubine en éclaboussant ce qui n’a pas besoin de l’être (son livre de chevet, sa trousse à maquillage, ses plantes vertes…)
Gorger
Le terme gorger a été mis à jour lors de la découverte d’un ouvrage antique sauvé des ruines de Pompéi. Le manuscrit richement illustré était un livre de recettes amoureuses destiné aux pensionnaires des lupanars. Il désignait tout autant le geste consistant à faire glisser un membre masculin profondément dans sa gorge que l’augmentation en volume dudit membre sous l’effet de la caresse prodiguée.
Hammasexualité
Pratique sexuelle consistant à se rendre dans un hammam et à profiter de la vapeur pour enfiler un doigt incognito dans sa voisine ou dans son voisin, selon.
Intelligence intuitionnelle
Contrairement à l’intelligence dite logique ou rationnelle, l’intelligence intuitionnelle permet à ceux qui en disposent de comprendre rapidement leurs semblables. Par exemple, l’II permet de rentrer dans l’esprit du sexe opposé sans même avoir à y penser, ce qui permet un gain de temps appréciable lors d’une discussion.
Jusqu’au bitistes (les)
Mouvement social de la fin du XXème siècle défendant une pratique du coït consistant à bourrer jusqu’au bout, c'est-à-dire jusqu’à l’épuisement complet des partenaires. Son leader Jules Turgessant est mort d’une embolie cérébrale au cours d’une banale course à pied au bois de Boulogne.
Klito sutra
Ouvrage antique de référence sur l’art d’astiquer le clitoris. Le lecteur y trouve 671 façons de faire durcir et dresser le précieux organe féminin à l’aide d’un doigt, d’un genou, d’un pénis, d’une langue et de divers légumes de saison.
Lassivitude
Phénomène bien connu de tous les sportifs lorsqu’après une séance d’activité physique longue ou intense, au lieu de se sentir épuisé, le désir sexuel paradoxal particulièrement fort se manifeste. Il faut alors rapidement sortir de la douche et rappeler son (sa) partenaire de jogging ou d’escalade.
Manuel
Sous peine de se voir rabroué, le gentleman prévoyant consultera son Manuel de savoir vivre et de savoir foutre avant de s’approcher d’une gente demoiselle disposée à lui accorder ses faveurs.
Notre Pervers (le)
Prière des muses bien connue en pays Gaulois.
« Notre pervers qui êtes vicieux...
Que mon con soit salivé
Que les verges viennent
Que ma volonté soit fête
Sous la table comme aux pieux
Donne-nous chaque jour notre coït quotidien
Encourage nos turlutes
Car turlutons tous ceux qui nous ont enconnés
Ne nous soumets pas à l’abstinence
Et délivre-nous des mâles. »
Obsédoux
Penchant psychologique fréquent chez lez vieux veufs ayant encore la branche verte.
Priapisse
Discipline antique consistant à uriner en ayant le phallus en érection. Au XXème siècle de notre ère, la science a découvert que les champions de cet exploit possédaient une anomalie génétique et n’avaient donc aucun mérite.
Queue de cochon (la)
Lieu de débauche et de gourmandise bien connu des amateurs de bonne chair. Synonyme de bistroquet à foutre et de bar à pétasse (ne pas confondre avec le bar à touffes et le bar à gouines).
Roujouir
Certaines femmes rougissent dès qu’elles songent à jouir. D’autres rougissent quand elles ont joui. On dit que les rousses ont tendance à roujouir un peu plus vite que les brunes et ce n’est pas toujours faux. « Le devoir d’un homme galant est de savoir faire jouir et de faire roujouir sa partenaire. » (Casanova).
Sexercice
On parle de sexercice lorsqu’un initiateur donne un exercice érotique à son élève. Il est généralement destiné à lui permettre de découvrir une facette nouvelle de sa sensualité. Les muses du paradis connaissent ce terme depuis bien longtemps.
Tripoturer
Lorsque Jacques tripoturait Georgette de ses gros doigts rugueux de bucheron quinquagénaire, il avait tendance à la faire crier, mais pas seulement de plaisir.
Ustensensible
On trouve dans les tiroirs et les placards des cuisines toutes sortes d’objets pouvant servir d’ustensensibles lorsque monsieur est parti jouer à la pétanque et que madame a des idées.
Vulvérable
On dit de la femme qu’elle est vulverable lorsqu’au milieu de son cycle, elle ressent un impérieux besoin de se faire vulverer dans le but de se reproduire.
Watergons
Contraction grossièrement codée de l’expression : « Rejoins-moi dans les waters du wagon ». Ces lieux sont bien connus pour être les seuls lieux intimes des Trains à grande vitesse. Je conseillerai tout particulièrement ceux qui se trouvent à l’avant des voitures de la première classe du Paris-Marseille, réservés aux handicapés. Penser à vérifier qu’aucun paraplégique ne se trouve dans la rame (Si tu niques dans mon water, tu niques mon handicap).
X’citation
Citation trouvée dans un film X. Marc dit soudain à Carla : « Crache ton chewing-gum et mordouille-moi la hampe, je crois qu’elle commence à ramollir un peu. »
Yop
Substance blanchâtre bien connue des adolescents.
Zouave
Corporation de joyeux foutriquets aptes à la zoie en toute circonstance. Syn. : Zubial ; Zêbre ; Zigoto.
Comment taire...